L’économie sociale et solidaire peut-elle apporter une réponse au chômage et à la réduction des mouvements sociaux ? À cette question Lotfi Ben Aïssa, universitaire et expert en finance publique et économie sociale et solidaire, répond par l’affirmative.
Pour Lotfi Ben Aïssa, aujourd’hui l’économie sociale et solidaire constitue une réponse pertinente aux défis économiques et sociaux de l’heure. Il a indiqué que la particularité de l’économie sociale et solidaire consiste à être une réponse ponctuelle à la fois à l’absence du secteur public qui s’est désengagé de la sphère économique et sociale et la désertion du secteur privé des régions et des secteurs qui ne garantissent pas une rentabilité immédiate.
Revenant sur le mécanisme de l’économie sociale et solidaire, Lotfi Ben Aïssa a indiqué qu’elle propose un mode d’entreprendre et de développement qui se base sur un double emprunt : le premier emprunt est l’intérêt général du secteur public, quant au deuxième emprunt c’est la rentabilité du secteur privé tout en investissant dans tous les secteurs d’activité (production, transformation, commerce, consommation) dans toutes les régions indépendamment de la situation socioéconomique et particulièrement dans les régions nécessiteuses.
D’après Lotfi Ben Aïssa, l’économie sociale et solidaire se base sur des principes spécifiques dont l’un des principaux est de privilégier le capital humain, du point de vue de la gouvernance. Elle applique le principe : un homme, une voix, indépendamment de la participation des actionnaires (c’est un principe qui préconise le réinvestissement de l’essentiel du principal du profit réalisé, ce qui permet à la fois l’extension du secteur d’activité et la pérennité des emplois). « Ainsi c’est une réponse immédiate aux mouvements sociaux, au chômage » affirme-t-il.
Cependant un problème se pose quant à l’émergence de l’économie sociale et solidaire, à savoir l’absence de tout cadre juridique : « Cette absence bloque le développement de l’économie sociale en Tunisie. Ce secteur n’est pas doté d’une loi qui l’organise et consacre les principes précités et qui permet un type de financement adéquat. Aujourd’hui, les différentes composantes de l’économie sociale et solidaire comme les coopératives et les mutuelles qui travaillent dans le secteur social s’adressent à des banques pour le financement de leur activité mais ces dernières demandent des garanties qui ne prennent pas en considérations l’aspect social ».
Pour notre interlocuteur, la promulgation d’une loi organique sur l’économie sociale et solidaire avec la mise en place d’un outil de financement qui lui est dédié tel qu’une banque mutuelle s’impose.