Comment lutter efficacement contre la corruption et le chômage, notamment dans les régions intérieures ? Quelles sont les mesures de discrimination positive à mettre en place ? Tels sont les principaux thèmes abordés aujourd’hui lors de la conférence de presse organisée par le parti Al Massar à son siège.
La création de 500 projets en faveur des régions défavorisées, annoncée par le porte-parole du gouvernement, est surréaliste, a confié le secrétaire général du parti Samir Taïeb, qui étaye ses propos en déclarant : « Pour plus de clarté, on ne peut en fait financer qu’un maximum de 40 petits projets à Kasserine, et ce, par la création d’une nouvelle Banque de solidarité sociale ». Il ajoute: « Quant à l’intégration de 5000 jeunes grâce aux mécanismes d’encouragement en vigueur, ce n’est réalisable que si on les recrute dans les deux années à venir ».
S’agissant de la lutte contre la corruption, un fléau mondial qui ne cesse de s’étendre, où la Tunisie est classée à la 79ème place selon Transparency international, Samir Taïeb a rappelé qu’entre 2011 et 2015, le taux de corruption a atteint 2% du PIB, d’après les données de l’INS.
Il poursuit: « Si on lutte contre la corruption et que l’on réussit à combler ce manque à gagner de deux points de croissance, cela voudra dire que nous pouvons créer des milliers de postes d’emploi supplémentaires. Malheureusement, il y a un manque flagrant de volonté politique pour lutter contre ce phénomène, malgré une légère amélioration du classement de la Tunisie en 2015″.
Concernant la participation des jeunes à la vie publique, il a déclaré qu’ils ont aujourd’hui besoin d’être entendus. Il faut briser le fossé qui sépare les acteurs politiques et les jeunes, à travers un dialogue constructif. Il faut penser à créer un ministère de la Jeunesse qui soit capable de répondre aux attentes des jeunes.
« Rétablir la confiance avec les jeunes est aujourd’hui une priorité. Leurs contestations sociales sont, à mon sens, légitimes, sans bien évidemment recourir à la violence et à l’atteinte aux acquis du pays. Il y a urgence de désigner un médiateur entre le gouvernement et les jeunes. Il y a aujourd’hui un déficit manifeste de communication gouvernementale », ajoute-t-il.
Par la même occasion, le parti Al Massar a présenté une série de recommandations en vue d’encourager les jeunes Tunisiens à participer activement dans le processus de transition démocratique: création d’une caisse pour la discrimination positive, une sorte de Banque de développement des régions et lancement d’un emprunt national ouvert aux citoyens et aux entreprises. Il faudrait également, selon ses dires, réserver une part des ressources engrangées suite à la baisse du prix du pétrole, inviter les entreprises privées et le capital national à participer au capital de cette caisse, indexer les taux de l’impôt sur les revenus des personnes physiques sur le taux de l’inflation, mener une lutte efficace contre l’évasion fiscale, créer des zones franches dans les régions de l’ouest et du sud ainsi que dans les régions frontalières. Telles sont les principales recommandations formulées par le secrétaire général d’Al Massar.