Où en sommes-nous par rapport à la justice transitionnelle? Comme dans beaucoup de pays qui ont connu une longue période de dictature traversée par des violations massives des droits de l’Homme (Afrique du Sud, Argentine, Pérou, Chili…), mais qui ont finalement réussi à enterrer les fantômes du passé et à se réconcilier avec leur histoire; la Tunisie saura-t-elle trouver les clés pour suivre ces exemples de succès en matière de justice transitionnelle?
Cinq ans après la révolution, les choses commencent à peine à bouger, a confié Anouar Moalla, directeur de la communication de l’Instance vérité et dignité ( IVD ).
Il déclare: « En tout, nous avons constitué six comités au sein de l’ IVD , dont le comité d’arbitrage et de réconciliation. Son principe est qu’il joue le rôle d’interlocuteur, en essayant de trouver des compromis entre les victimes, les personnes coupables ou encore les présumés coupables, qui expriment une demande de repentance. Comme le dit un vieil adage : Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. Or, nous sommes là pour de bons arrangements ».
Interrogé sur les auditions, il répond : « Pour l’instant, l’IVD en est aux auditions à huis clos. Mais prochainement, il y aura des auditions publiques pour les personnes qui veulent témoigner. Cela concerne aussi bien les personnes plaignantes, les victimes que les personnes ayant reconnu leurs torts. Il s’agit d’un volet très important, parce que malheureusement notre histoire est fragmentée et qu’il faudrait reconstruire le puzzle. La nouveauté de l’ IVD , c’est que nous annoncerons pour bientôt le lancement des auditions publiques, lors d’une conférence de presse, qui sera probablement tenue d’ici la fin du mois de février ou le début du mois de mars ».
Et de conclure : « Vous savez, il y a des personnes qui ne demandent rien, aucune indemnité, elles veulent témoigner pour l’histoire devant l’ IVD . Il vient un temps où il faudra renouer avec cette confiance, longtemps oubliée ».
Il ne pourra y avoir de justice transitionnelle sans clarification de l’histoire, pour qu’au final les structures démocratiques soient mises en place.