Le Maghreb était l’idéal de la génération de l’indépendance : subissant les défis de la colonisation, les élites d’Afrique du Nord firent valoir le concept unitaire. D’ailleurs, l’idée germa dans l’exil, en Europe. Les nationalistes maghrébins, réunis en exil au Caire, l’instituèrent et la firent valoir auprès de la Ligue des Etats arabes, qui venait de voir le jour.
L’Union du Maghreb fut considérée comme une composante normale de la nation arabe. La construction maghrébine fut différée, après les indépendances, qui mirent à l’ordre du jour la reconstruction des Etats-Nations. Le mythe maghrébin qui restait ferme, fut réactualisé par la création de l’UMA, le 17 février 1989 à Marrakech. Les difficultés économiques des pays, les défis du partenaire européen, l’usure du discours panarabe créaient un environnement favorable à cette initiative.
Une institution paralysée : Mais la normalisation de la gestion unitaire de l’institution nouvelle fut laborieuse, vu l’attachement des différents régimes à leurs visions nationales, à leurs discours fondateurs spécifiques et, pour quoi ne pas le reconnaître, aux états d’âme des pouvoirs. L’Union du Maghreb Arabe, qui représentait l’espoir des populations d’Afrique du Nord, est pratiquement paralysée. Elle dispose certes d’un bureau à Rabat et d’un secrétaire général. Mais toutes ses activités sont, de fait, gelées. La question du Sahara Occidental a bloqué les réunions des sommets, l’instance de direction de l’institution. La guerre civile libyenne et ses effets sur le voisinage tuniso-algérien ont remis en cause la dynamique unitaire. Les Etats maghrébins sont à l’épreuve de leurs frontières. On peut actuellement parler de l’usure du mythe, dans l’ère de la mondialisation, du discours de transgression de la maghrébinité de l’islam politique, de l’affirmation des priorités nationales du « printemps arabe » et des défis de la crise arabe.
Pour une redynamisation de l’instance maghrébine : La reconstruction maghrébine est différée, en attendant la réconciliation libyenne et la reconstruction de l’Etat qui s’en suivrait et pour quoi pas, un accord salutaire algéro-marocain sur le Sahara occidental ! Le nouveau contexte pourrait-il restaurer l’espoir du Maghreb uni, usé par une désillusion générale ?
Fait d’évidence, le développement des unités régionales, la confrontation économique avec l’Union Européenne et la nécessité de transgresser les marchés exigus pourraient imposer la construction maghrébine comme alternative possible. En tant qu’objectif de commodité ou plutôt, en tant que besoin, l’union maghrébine pourrait être réactualisée et redynamisée. Mais comment la faire valoir, comme nécessité, comme facteur de développement et par conséquent de promotion ? Comment dépasser les pesanteurs de la tradition, les rapports de forces et les commodités locales pour faire valoir la configuration régionale ?
Certains diraient : « Il faut donner du temps au temps ». Mais le politicien avisé devrait abréger les contextes d’attente et les pauses de circonstance. Les establishments publics sont appelés à accomplir un travail de persuasion et de conscientisation. Il faudrait remettre à l’ordre du jour l’idéal unitaire des pères fondateurs.