Moncef Sellami, Président du Groupe One Tech, deuxième exportateur industriel privé du pays et député nidaïste, développe sa vision de l’industrie exportatrice, de l’impérieuse nécessité du partenariat stratégique, de la culture qu’il faut ancrer au coeur de notre modèle de développement, tourisme en tête, de l’aménagement du territoire, des relations avec le monde du travail, de l’emploi des jeunes diplômés et bien sûr de la crise qui secoue Nidaa Tounes qui, pour une fois, n’a pas vu venir. Nous publions un extrait de l’Interview accordée par Moncef Sellami à l’Economiste Maghrébin (n°677).
L’Economiste Maghrébin : Aujourd’hui, les difficultés que connaissent les régions de l’intérieur de la Tunisie profonde seraient peut-être en rapport avec le fait que nous ayons 24 gouvernorats, aurions-nous intérêt à les regrouper en grandes régions économiques ? Qu’en pensez-vous ?
Moncef Sellami : « Je proposerais de diviser le pays en six régions, selon les spécificités économiques de chacune. Au préalable, il importe d’effectuer des études sérieuses et fiables sur ce futur découpage territorial, afin de délimiter les régions en fonction des compétences et des spécificités propres à chacune d’elles.
Ce découpage n’est pas une fin en soi ; je pense que l’option pour une décentralisation effective peut casser le sous-développement des régions de l’arrière-pays. La décentralisation est indispensable pour créer toutes sortes d’infrastructures (routes, chemins de fer,…) mais aussi, des réseaux de TIC performants à même de permettre aux Tunisiens, partout où ils se trouvent, de travailler à distance dans le pays et de se sédentariser. Cette décentralisation gagnerait à être accompagnée, au plan politique, par une autonomie réelle des régions, par une spécialisation économique des régions et par la création, en amont, de centres de formation adaptés aux besoins de chaque région.
L’essentiel est de créer un environnement attractif pour les affaires et l’investissement multiforme. Dans cette perspective, plusieurs législations ont été adoptées ou le seront incessamment, s’agissant, notamment, du code des investissements et de la loi sur le partenariat public-privé (ppp).
Globalement, je suis persuadé que pour sortir le pays du marasme dans lequel il se débat actuellement, l’idéal serait de créer, dans chaque ville, un centre de formation, un centre culturel et un centre sportif.
Aujourd’hui, la jeunesse est oisive. Nous avons construit des milliers de mosquées, mais nous n’avons pas construit assez de maisons de culture pour encadrer les jeunes et améliorer leur qualité de vie.
Les médecins spécialistes, les enseignants universitaires, les ingénieurs et cadres dirigeants ne veulent pas aller à l’intérieur du pays, parce qu’ils ne trouvent pas, dans les villes de l’intérieur, ces commodités élémentaires »…