Deux événements dans le domaine de l’éducation ont marqué la fin de cette semaine : la suppression définitive et irréversible des 20% de la moyenne générale de l’épreuve du Bac, à compter de la rentrée 2016, hier 31 janvier et la publication samedi 30 janvier du classement Times Higher Education des 800 meilleures universités, dans lequel aucune université tunisienne ne figure.
Le coordinateur général de la coalition civile pour la réforme de l’éducation et docteur en science de l’éducation Msadek Jlidi commente les deux événements.
Oui pour la suppression des 20% mais progressivement…
Pour Msadek Jlidi, la suppression des 20% doit se faire certes, mais d’une manière progressive et pas d’une manière définitive et irréversible.« Etant donné les perturbations qui ont eu lieu et les changements qui ont été opérés sur les examens et la régression du rendement des étudiants, il serait préférable de mettre en application cette suppression d’une manière progressive », indique-t-il.
« D’ailleurs les différentes conditions de rachats adoptées en 2014 pourraient freiner les effets des 20% » estime-t-il. « Avec la réduction du taux de 25% à 20%, les résultats n’ont pas dépassé les 37% en 2015, que dire alors avec une suppression négative », indique-t-il. Notons que les conditions de rachat sont :
– Avoir une moyenne finale à l’examen du baccalauréat égale au moins à 9 sur 20;
– Avoir une moyenne annuelle en classe terminale égale au moins à 10 sur 20;
– Avoir une moyenne arithmétique dans deux matières spécifiques obtenues à l’examen égale au moins à 9 sur 20;
– Ne pas obtenir un zéro sur 20 à l’une des matières obligatoires;
– Avoir une bonne conduite et une bonne assiduité.
« Avec sa formation actuelle, l’élève tunisien ne pourra pas passer le Bac sans les 20% et je rappelle que selon une étude, le niveau de l’élève tunisien est inférieur de trois ans à la moyenne de l’élève dans le monde », regrette-t-il.
Times Higher Education : mais ou sont les universités tunisiennes ?!
L’absence des universités tunisiennes du classement de Times Higher Education est due à plusieurs paramètres déclare Msadek Jlidi. En effet : « Les recrues officiant dans les universités tunisiennes sont le résultat d’un système éducatif qui a échoué pendant 23 ans et dont la majorité n’a pas le niveau requis », dit-t-il. Et de continuer : « J’ai assisté à plusieurs soutenance de thèses de doctorat et j’ai lu plusieurs thèses. Force est de constater qu’il existe une chute du niveau des connaissances, de la méthodologie et de la linguistique », regrette-t-il.
Par ailleurs, il a pointé du doigt la corruption dans les milieux universitaires et l’absence de toute volonté politique pour promouvoir les recherches scientifiques tunisiennes à l’étranger. Et de rappeler que la recherche scientifique en Tunisie ne s’aligne pas sur les critères internationaux des recherches scientifiques.
Que faut-t-il faire pour que l’université tunisienne se retrouve de nouveau dans les classements internationaux ? A cette question Msadek Jlidi a indiqué que le salut passe par l’application stricte des normes scientifiques internationales sans tomber dans des calculs politiques ou syndicaux. « Mais à ce que je vois, tous les docteurs spécialistes en sciences de l’éducation n’ont pas participé à l’élaboration du document de la réforme de l’éducation ou de la réforme du système universitaire »; et de regretter que l’ingénierie des réformes du système éducatif ne soit pas utilisé en Tunisie.