La campagne de protestation populaire (janvier 2016), – fût-elle entachée par des dérives – a été un véritable électrochoc pour le paysage politique tunisien.
Elle a remis à l’ordre du jour l’emploi comme nécessité. L’annonce par le gouvernement d’un programme de formation et d’emploi était une réponse aux attentes des citoyens. La présentation par l’ancien ministre Mansour Moalla d’un programme spécifique participait de cette volonté de briser le tabou et de présenter des solutions.
Il appartiendra aux experts d’examiner ces programmes de « salut public » et de formuler leurs appréciations, en fonction du diagnostic général. Fait important, le Président Béji Caïd Essebsi vient de recevoir des compétences tunisiennes (Mansour Moalla, Elyès Jouini, Kamel Morjane etc.). Leur consultation atteste la volonté présidentielle d’ouvrir des débats au-delà de l’establishment politique et d’engager une mobilisation de toutes les capacités tunisiennes, sans exclusive, selon son souci d’ouverture.
L’étude des motions adoptées par les différents partis atteste leur rappel des attentes, la formulation de priorités sociales et l’élaboration de programmes, au-delà d’une fixation sur les personnes et des positionnements personnels, qui ont bloqué la vie politique. En réactualisant leurs programmes, sans perdre de vue les marqueurs de leurs identités politiques, ils participent au débat sur le développement global du pays et assument leur prise en compte des défis et des enjeux de la transition politique.
La croissance et la promotion sociale constituent l’environnement nécessaire à la démocratisation
Fait d’évidence, l’establishment politique tunisien accélère le tempo. Dans cette conjoncture d’épreuve, tous les acteurs doivent monter sur le ring, non pour se battre, mais pour coopérer et collaborer, en faveur d’un « vivre ensemble », qui sauve l’unique révolution réussie du « printemps arabe ». Autre titre de fierté, le consensus sécuritaire de la classe politique tunisienne.
L’âge d’or de la sécurité semble révolu. La guerre militaire et idéologique met à l’épreuve l’aire arabe. Effet paradoxal et positif, des dérives sécuritaires en Tunisie, « la revalorisation de la nation » et la construction du consensus unitaire, qui constituent des conditions sine qua non de réussite de la transition démocratique.