Un nouveau bloc parlementaire indépendant vient de voir le jour, depuis moins d’un mois. Il s’appelle “El Horra” (Libre). Il vient d’être créé comme un arbitre au-dessus de la mêlée, suite à la crise qu’a connue le parti majoritaire Nidaa Tounes. Comment comprendre la scène politique sur le plan institutionnel et constitutionnel, notamment après la création d’un nouveau bloc parlementaire?
Pour Jaouhar Ben Mbarek, coordinateur général du réseau Doustourna, cela ne constitue pas un problème, car: « Une fois que les élections ont eu lieu, peu importe le parti pour lequel les députés ont été élus, ils gardent leur liberté. S’offre alors à eux plusieurs choix, continuer avec le parti majoritaire Nidaa Tounes, ou s’orienter vers un autre bloc parlementaire ou constituer leur propre bloc. »
Il a indiqué que : « Ni la Constitution, ni le règlement intérieur de l’ARP ne peuvent empêcher la composition d’un nouveau bloc. Il n’y a donc aucun obstacle ni sur le plan juridique, ni sur le plan technique ».
Ce bloc El Horra, nouvellement créé, figure comme étant désormais la troisième force politique à l’ARP. Cependant, se pose alors une question : ce bloc s’inscrira-t-il dans l’opposition ou soutiendra-t-il le gouvernement? Pour répondre à la question, « il faut penser quelles sont les obligations et les droits qui découlent de ce nouveau statut et El Horra ne s’est pas encore prononcée à ce sujet », a-t-il ajouté.
Plusieurs hypothèses sont possibles. Si le bloc El Horra se déclare dans l’opposition. A ce titre, il sera le premier bloc qui aura le droit de présider la commission des Finances comme l’annonce clairement la Constitution. « Donc, ce qui va se passer aura des conséquences sur le déroulement des travaux de l’ARP, concernant les votes à propos des lois organiques, la composition des commissions, les séances d’audition etc… », a-t-il continué.
Cela bouleversera les équilibres politiques au sein du Parlement, déclare Ben Mbarek, en poursuivant que: « Désormais, nous aurons un bloc d’opposition de 70 députés, si El Horra s’aligne avec le Front Populaire. Nous aurons ainsi un équilibre parlementaire sur les plans institutionnel et constitutionnel. Mais pour l’instant, rien n’est encore clair ».
Il a conclu: « En somme, les alliances se font par nature, contre nature, ou par intérêt. Et d’ailleurs, on le remarque dans la coalition des partis au pouvoir. Ce n’est guère une surprise. Mais ce qui reste plus délicat, c’est de savoir comment se fera l’alliance entre toutes les compositions de l’opposition, comme le CPR, qui faisait partie du gouvernement sous la Troïka. Vous aurez les députés du Front d’un côté, le reste de l’autre. Or ça a l’air d’être beaucoup plus complexe que cela. A quoi il faut ajouter El Horra dans la mesure où celui-ci fera partie de l’opposition, ce qui sera plus avantageux sur le plan démocratique, à mon sens. C’est l’une des raisons pour lesquelles le bloc El Horra doit se prononcer d’une façon claire ».
Les débats continuent à alimenter la scène politique et ils sont loin d’être terminés.