Martin Schulz, président du Parlement européen, qui s’exprimait, hier, devant l’Assemblée des représentants du peuple ( ARP ), en présence de certains ambassadeurs de pays européens en Tunisie, a indiqué qu’au cours des cinq dernières années, la démocratie tunisienne s’est confirmée, malgré un chemin difficile et endeuillé par les assassinats abjects de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Face à cette situation, le peuple tunisien a fait preuve d’un courage exemplaire et a montré sa détermination à sauvegarder les idéaux de la révolution. Ainsi, « la Tunisie émerge aujourd’hui comme un modèle de pluralisme et de tolérance dans la région. »
En ce qui concerne le Prix Nobel de la Paix décerné au Quartet National, le responsable a affirmé qu’il vient couronner, d’une part, le parcours exceptionnel du peuple tunisien qui force l’admiration et le respect de tous, et l’élaboration, d’autre part, d’une nouvelle Constitution marquée par des acquis démocratiques, à savoir le respect des libertés individuelles et les réformes judiciaires et territoriales.
« Ces réformes devront répondre aux attentes des citoyens, notamment, des jeunes, en matière de justice sociale, d’amélioration des conditions de vie et d’emploi. »
A cet égard, Martin Schulz a annoncé que la reprise économique, enfin relancée en 2015 dans un climat apaisé, a été interrompue par les attentats terroristes du Bardo, de Sousse et de Mohamed 5, exigeant un rôle du Parlement tunisien plus déterminant pour intervenir à un moment de fortes inquiétudes économiques, sociales et sécuritaires.
Et d’ajouter que face à ces moments difficiles, la Tunisie peut toujours compter sur le soutien de l’Union européenne ( UE ) avec qui elle vient de fêter 40 ans de relations communes, se disant rassuré quant à la constance de ce soutien.
Par ailleurs, ces relations de longue date, entre les deux institutions parlementaires tunisienne et européenne, vont prendre un nouvel élan, le 18 février prochain, avec le lancement officiel des premiers travaux de la Commission parlementaire mixte.
Dans le cadre d’un projet de jumelage entre les deux institutions parlementaires, le Parlement européen est disposé à appuyer l’ARP à travers le renforcement de ses capacités à légiférer. De ce fait, l’UE est dans l’optique d’un rapprochement plus intégré et privilégié, disposée à ouvrir son programme communautaire à la Tunisie, ainsi que les négociations sur l’accord de libre-échange complet et approfondi ( ALECA ), et ce, en dépit de certaines réticences.
« Ces négociations ne s’annoncent pas faciles. Il est légitime que des réticences sectorielles se fassent entendre et il faut y voir, là encore, le signe d’une vitalité citoyenne de la société tunisienne. »
De ce fait, l’entrée en application de cet accord nécessitera à terme l’approbation du Parlement européen. Son contenu et l’évolution des négociations seront régulièrement discutés dans le cadre de cette commission parlementaire mixte; sachant que « la réussite de ces négociations reposera sur le dialogue, la transparence, la concertation permanente avec les acteurs de la société civile et l’implication constante des parlementaires. »
Au plan sécuritaire, le président a fait savoir que le terrorisme djihadiste est un phénomène global. Et la réponse sécuritaire ne peut être efficace qu’à la seule condition d’être respectueuse des droits humains et de s’inscrire dans une coopération adéquate régionale et à long terme.
« Nous devons veiller à ce que les standards internationaux en matière de droits de l’Homme soient respectés. L’approche répressive doit être combinée à des mesures d’inclusion sociale, de développement, d’éducation et de prévention, pour mener à bien cette lutte contre la radicalisation. Cette bataille se gagne aussi en obtenant la confiance de la population, en particulier la plus exposée à la marginalisation. »
M. Schulz s’est déclaré convaincu que la société tunisienne dispose de toutes les ressources nécessaires pour mener cette bataille. Elle l’a démontré tout au long de ces cinq dernières années, malgré les difficultés et en dépit d’un environnement régional préoccupant.
En conclusion, il n’a pas manqué de déclarer que le chantier des réformes socio-économiques annoncé par le gouvernement tunisien nécessitera un débat public approfondi, une pédagogie et la mobilisation des forces parlementaires et des organisations sociales et patronales.
« Nous sommes bien conscients que ces réformes structurelles demandent du temps, qu’elles sont coûteuses socialement et qu’elles sont difficiles à mener dans un contexte économique et sécuritaire déjà tendu. Mais vous pouvez compter sur la constante mobilisation de l’UE, via le déploiement des mesures financières et techniques de soutien en réponse aux besoins que le gouvernement tunisien a formulés. »