Afin de concrétiser les recommandations issues des réunions de la Haute commission supérieure mixte tuniso-jordanienne, qui ont eu lieu au mois de décembre 2015, à Amman, le forum d’affaires tuniso-jordanien se tient les 16 et 17 février 2016 à Tunis.
Regroupant plus d’une quarantaine de chefs d’entreprises jordaniens opérant dans différents secteurs d’activité avec leurs homologues tunisiens qui sont environ 150, ce forum vise à promouvoir les relations économiques et commerciales entre la Jordanie et la Tunisie à un niveau élevé de partenariat, ainsi qu’à saisir les opportunités offertes et les possibilités de booster les échanges entre les deux pays.
«Le mérite de ce premier forum de relance des échanges entre les deux pays revient à la visite officielle du président de la République tunisienne Béji Caïd Essebsi à Amman, en octobre dernier, car, à cette occasion, le président a fortement encouragé le secteur privé jordanien à visiter la Tunisie pour y trouver de nouveaux marchés et compenser ainsi les pertes de ses débouchés traditionnels», a affirmé Issa Haider Murad, président de la Chambre de commerce d’Amman ( CCA ) et chef de la délégation jordanienne.
Et d’ajouter que la 8ème édition de la Haute commission supérieure mixte tuniso-jordanienne, a été cordonnée par la signature de plusieurs accords commerciaux bilatéraux, entre la délégation tunisienne présidée par le chef du gouvernement, Habib Essid, et son homologue jordanienne. Dans ce sens, les deux chambres de Commerce d’Amman et de Tunis se sont mises d’accord sur le principe de la promotion d’actions, afin d’améliorer les relations commerciales et économiques et renforcer la coopération entre les entreprises des deux pays.
Il a fait savoir que les échanges commerciaux entre les deux pays sont encore timides; ce qui nécessite de déployer les efforts pour coopérer. Sachant que la Jordanie se dote de plusieurs secteurs qui peuvent être développés en profitant des opportunités d’affaires et d’expériences en Tunisie.
Pour ce faire, Issa Haider Murad a appelé à mettre en œuvre une vision claire entre les deux pays, en misant en priorité sur l’élimination des obstacles qui entravent les échanges commerciaux et de faciliter l’accès à l’investissement au profit du secteur privé.
Dans le même ordre d’idées, Mounir Mouakher, président de la CCI Tunis, a fait savoir que la Tunisie est fière de sa relation politique, qui date de plus de 40 ans avec la Jordanie, et mise aujourd’hui sur le renforcement de sa relation économique avec ce pays, et ce, à travers le développement des échanges commerciaux dans les différents secteurs, à savoir: textile – habillement, agroalimentaire, bâtiment et produits de construction, industries mécaniques et électroniques, communication et technologies d’information, industrie pharmaceutique, plasturgie…
A cet égard, le responsable a appelé à miser de plus en plus sur l’accord arabo-méditerranéen de libre-échange «Accord d’Agadir», lancé depuis 2001, sans voir, selon ses dires, d’importants résultats concrets. Il a également appelé les autorités jordaniennes à annuler le visa d’entrée des hommes d’affaires tunisiens, afin de renforcer les investissements entre les deux pays.
De son côté, Mohsen Hassan, ministre du Commerce, a précisé que le renforcement des accords déjà signés entre la Tunisie et ses pays partenaires, est la meilleure solution pour diversifier les marchés cibles et s’intégrer dans l’économie internationale.
Dans ce sens, le ministre a affirmé que le gouvernement tunisien a opté pour plusieurs mesures, à savoir la modernisation de la douane, la révision de la liste des produits soumis au contrôle technique, la diminution du temps d’attente des navires dans le Port de Radés, pour le porter à six jours à fin 2016, contre 13 jours actuellement .., et ce afin de faciliter les opérations d’export-import en particulier et développer le climat d’affaires en général.
Pour sa part, Béchir Boujday, membre de l’UTICA n’a pas manqué de dire que dans le cadre de l’Accord d’Agadir, une convention a été signée, en janvier dernier, par les représentants des pays membres ( Tunisie, Egypte, Maroc et Jordanie ), portant sur la création d’un conseil d’affaires, visant à tirer profit des opportunités de coopération entre les petites et moyennes entreprises ( PME ), à mieux faire connaître l’accord d’Agadir, ainsi que les incitations offertes par les entreprises adhérentes aux organisations patronales dans les pays membres et les organisations membres du conseil.
Il s’agit également de booster le partenariat, les investissements et les échanges commerciaux entre les entreprises privées des pays membres.
En outre, il vise à renforcer et encourager les PME, mettre en place des meilleurs mécanismes de suivi à même de leur permettre d’améliorer leur compétitivité sur les marchés nationaux et européens.
Ainsi, le conseil d’affaires a pour objectif l’amélioration des exportations des pays membres de l’Accord d’Agadir entre eux et vers l’espace euro-méditerranéen, via la mise en œuvre des programmes et mécanismes en la matière, le développement de la banque de données au sein de l’unité technique, grâce à la modernisation des données existantes, et l’ajout d’autres relatives aux différents secteurs économiques (production, fabrication, distribution, exportation, importation, investissement…).
A l’issue de cette convention, M. Boujday a indiqué qu’une première réunion sera tenue, le 26 avril 2016 au siège de l’UTICA – Tunis, pour la mise en place du programme d’action pour l’année 2016.
Dans le même sillage, Samir Bechouel, directeur général de l’APII, a déclaré que dans le cadre de ce conseil d’affaires mixtes, il faut créer une ligne directe de transport maritime, éliminer les obstacles techniques et douaniers, faciliter les mesures d’investissement direct commun…
Coopération tuniso-jordanienne en chiffres
Les exportations tunisiennes vers la Jordanie ont atteint 18,1 millions de dinars (MDT) au cours des dix premiers mois de l’année 2015, contre 12,3 MDT durant la même période de 2014, soit en hausse de 47,5%, selon les dernières statistiques du CEPEX.
Ces exportations ont été réparties entre plusieurs secteurs d’activités, dont l’huile d’olive, les câbles électriques, les produits agroalimentaires et les pièces de rechanges des voitures.
Quant aux importations de la Jordanie, elles ont été de l’ordre de 40,2 MDT, dont 50% du total des importations correspondaient à des médicaments.
La même source a dévoilé que, bien que les échanges commerciaux entre les deux pays aient été triplés durant les dix dernières années, l’objectif ultime reste à porter les exportations au minimum 100 MDT par an.
Au plan des investissements directs étrangers ( IDE ), avec 11 entreprises jordaniennes actives en Tunisie, générant 898 postes d’emplois, la Jordanie a investit 105,06 MDT à fin 2014, selon la FIPA.
Par répartition sectorielle, les IDE dans le secteur des industries pharmaceutiques, à fin 2014, ont affiché 61,47 MDT, suivi du secteur agroalimentaire avec 29,03 MDT, du secteur de la chimie et du caoutchouc avec 12,93 MDT et du secteur de plasturgie avec 1,63 MDT.
En ce qui concerne les projets à participation jordanienne, cinq projets ont été réalisés au cours de l’année 2015, pour un montant global de 6, 12 MDT, dont un seul nouveau projet d’un montant de 0,17 MDT et quatre projets d’extensions d’un investissement total de 5,95 MDT.