Au vu de l’absence de perspectives politiques que vit la Tunisie depuis ces derniers temps, de quel paysage politique peut-on parler, aussi bien sur le plan national que sur celui de la diplomatie? Quand on parle de diplomatie, on parle de l’image que renvoie le pays. Qu’en est-il des relations diplomatiques entre la Tunisie, la Libye, ou encore l’Arabie Saoudite?
La scène politique en Tunisie passe par bien des remous, estime Samir Taïeb, secrétaire général du parti Al Massar, en poursuivant: « C’est un paysage éclaté après les élections, en particulier depuis la crise qu’a connue le parti Nidaa Tounes, en cédant la place au mouvement Ennahdha, qui arrive au premier rang avec 69 sièges. » Il ajoute: « Une véritable crise politique, que vit en ce moment le pays, bien qu’elle n’ait eu aucun impact direct sur le travail du gouvernement ».
Abordant la question d’une éventuelle collaboration avec Mohsen Marzouk, le nouveau coordinateur général du projet Machrouaâna, il a répondu que la question ne se pose même pas, en expliquant: « A ce jour, nous n’avons reçu aucune proposition de la part de Mohsen Marzouk. Il est encore trop tôt pour réagir maintenant, attendons de voir le 2 mars et nous répondrons le moment venu. Et à partir de là, nos structures étudieront ce projet et réagiront par la suite. Toutefois, le principe reste le même, telle était notre ligne de départ. Autrement dit, nous réagissons à des programmes et non à des projets de personnes. »
Il ajoute: « Si quelqu’un crée un parti, ou crée une alliance autour de sa personne, que ce soit Mohsen Marzouk, ou Mondher Znaïdi, ceci ne nous intéresse pas. Mais ce qui est important pour nous, en tant qu’Al Massar, c’est le contenu du projet ».
Quels sont les aspects de la diplomatie en Tunisie?
La diplomatie tunisienne a certainement connu son âge d’or. « Elle a toujours gardé sa neutralité », c’est ce qu’a confié M. Taïeb, en poursuivant: « La Tunisie a toujours joué un rôle d’intermédiaire et de médiateur. Ce petit pays avait un charisme important sur le plan diplomatique. »
Evoquant la question de l’adhésion de la Tunisie à la coalition islamique lancée par l’Arabie saoudite, il déclare: « Nous avons condamné l’adhésion de la Tunisie à cette alliance conduite par l’Arabie saoudite. La Tunisie s’est départie de sa neutralité traditionnelle. Plus grave encore: nous avons appris que la Tunisie compte participer à une manœuvre militaire de cette coalition islamique qui, selon moi, est une dérive grave de la diplomatie tunisienne sur le plan de la défense. »
Il explique: « Le fait que le gouvernement ait l’intention d’envoyer deux officiers militaires pour observer ces manœuvres, n’a aucun sens. Il s’agit en fait d’une dérive maladroite. »
Et de continuer: « Nous avons demandé au Chef du gouvernement et au président de la République de bien vouloir annoncer le désistement de la Tunisie de cette alliance militaire. Ils n’ont pas encore répondu à notre requête. »
Évoquant la question d’une probable intervention militaire en Libye, il déclare : « Personnellement, je trouve que c’est une agression de la part des alliances occidentales et non une intervention militaire salvatrice. Il faut espérer qu’avec la formation d’un gouvernement d’union nationale, cette intervention sera annulée, bien que j’en doute fort. Car ce qui intéresse avant tout les Occidentaux c’est de protéger les réserves pétrolières. »
Même constat pour Salma Baccar, députée d’Al Massar : elle condamne fermement toute intervention militaire en Libye, en déclarant: « Quand je regarde les images choquantes, insupportables de ce qui se passe en Syrie, et combien de vies humaines sont sacrifiées, je pense à la Libye. »
Elle conclut: « Non à cette guerre, non au bombardement de la Libye, parce que ce qui peut arriver en Libye pourrait arriver en Tunisie. Des vies humaines sont en jeu. »