La pollution est le revers de la médaille de la société de consommation dans laquelle nous vivons. Comment recycler les déchets, comment limiter la pollution, ou encore l’atténuer ? Quel traitement préconiser ? Quels sont les enjeux du moment et surtout comment agir?
Il s’agit de l’un des sujets dont on parle le plus souvent, depuis quelques années, en particulier après le 14 janvier, à savoir « le recyclage au quotidien ». C’est autour d’un séminaire ayant pour thème l’environnement & l’entrepreneuriat : « La microfinance au service du développement durable et de la création d’emplois”, que le débat a eu lieu aujourd’hui dans la matinée.
La préservation de l’environnement et la lutte contre le chômage des jeunes sont des enjeux majeurs pour la Tunisie. Pour le volet emplois durables, l’initiative lancée par Taysir Conseil, en collaboration avec le Fonds Emploi de la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit – Coopération Internationale Allemande) a financé quelque 3770 porteurs de petits projets et accompagné 2450 d’entre eux.
Taysir Conseil a lancé ses opérations dès juin 2014 en ouvrant six agences à Tunis, Ben Arous, Béni Khalled, Le Kef, Siliana et Kairouan, ciblant particulièrement les zones rurales et les quartiers populaires tels ceux du Grand-Tunis.
Quant au volet environnement, la journée a été dédiée à la filière de la gestion des déchets, à la création et à la consolidation d’emplois durables aux différents maillons de la chaîne de valeur : la collecte et le tri, le stockage, le transport et la transformation, à travers le projet « Rascalni ».
Cependant qui dit recyclage, dit donner une nouvelle vie à votre bouteille usagée, éviter de jeter vos sachets plastiques dans la rue, trier les bouteilles en plastique chez vous pour faciliter la tâche au collecteur, mais le plus important c’est partager l’idée du recyclage avec votre entourage.
Aujourd’hui, de nombreuses associations, des organisations à but non lucratif, ou encore la société civile s’inquiètent de la dégradation avancée de notre environnement.
Pour revenir au séminaire tenu aujourd’hui, le débat engagé a tourné autour de la nouvelle dynamique dans la promotion de l’emploi des jeunes : comment renforcer l’attractivité de ces emplois ? Pour Raouf Ben Aissa, coordinateur du projet Rascalni, il s’agit d’un énorme challenge à relever, à savoir comment attirer les jeunes dans le secteur du recyclage des déchets et leur faire comprendre que c’est aussi un métier d’avenir. C’est là où doit se faire un travail de concertation. », dit-il.
Il poursuit : « Certes, il y a beaucoup d’éléments et notre rôle consiste à les encadrer, leur proposer des partenariats avec des acteurs privés, trouver des solutions qui seront aussi présentes dans l’étatique, ou encore proposer des subventions sous forme de quotas pour combler les aléas économiques découlant du prix du pétrole ».
Il déclare : « Notre objectif est de miser sur la valeur ajoutée avec pour principe « gagnant-gagnant », c’est cette démarche que nous sommes en train de mettre en place . Il y a des jeunes qui sont intéressés, mais ils ne sont pas nombreux. Il s’agit en effet d’un métier qui ne bénéficie pas d’une bonne image. Ce sont des success stories à construire, et lorsqu’on verra qu’il y a des jeunes qui ont réussi dans ce secteur, qui ont pu améliorer leurs conditions de vie, qui sont sortis du chômage pour devenir des personnes actives économiquement, ces success stories serviront d’exemple ».
De son côté, Rachid Abidi, directeur délégué de Taysir Conseil, l’idée principale est de promouvoir le recyclage des déchets, le plastique principalement, en s’appuyant sur le travail des collecteurs, qui représentent le premier maillon de la chaîne, et qui malheureusement ne sont pas pour autant valorisés suffisamment, et qu’on doit appuyer en termes de financement et d’accompagnement pour qu’ils puissent développer leur activité.
« La journée qu’on organise aujourd’hui est pour faire appel aux industriels, on doit écouter le marché, valider, répondre d’une manière innovante avec un esprit de solidarité, en concluant de nouveaux accords gagnant-gagnant pour tout le monde », estime-t-il.
Pour Fayçal, un collecteur : “ Cela fait six ans que je collecte des bouteilles en plastique. Quand j’ai vu l’expansion de ce marché, je me suis dit pourquoi ne pas tenter l’expérience. Tout a commencé lorsqu’ un ami m’a présenté Taysir, je leur avais parlé de mes conditions de collecteur, ils ont demandé des papiers administratifs pour obtenir un crédit, et j’ai pu acheter un tricycle car avant j’avais une brouette. J’ai eu la formation qu’il faut : comment dresser un bilan financier ? Comment se comporter avec un client ? Et j’en ai appris des choses… »
Il ajoute : « C’est vrai au début ce n’était pas facile, c’était un peu le désordre. Personnellement, je ne gagnais pas beaucoup, j’étais dans le besoin, je gagnais tout juste vingt dinars par jour. Aujourd’hui c’est différent, j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Ma vie a changé. Le message que je veux faire passer aux jeunes, il y a du travail, mais pour réussir dans la vie il faut avoir confiance en soi et de la volonté « .
Pour avoir une Tunisie zéro déchet, une Tunisie moins polluée qu’aujourd’hui, il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais pour chaque problème, il y a une solution. En Tunisie, la pollution est due aux activités industrielles, minières, agricoles et en milieu urbain, elle a atteint des records qui frisent la catastrophe écologique et sanitaire, aggravant ainsi l’instabilité économique et sociale.