Le débat politique semble actuellement enlisé. Alors que les médias multiplient les plateaux, suscitant des polémiques entre des outsiders, les dirigeants politiques vivent une pause, sinon une démission conjoncturelle.
La crise prolonge le processus d’introspection et diffère leurs retours sur scène. Evitons de parler d’action sur le terrain, des politiciens post-révolution, plus à l’aise dans la culture politique de salons.
Nida Tounes, en veilleuse actuellement et an-Nahdha, en phase de repositionnement idéologique ont semble-t-il, accepté le rétrécissement de leurs bases partisanes et de leurs assises populaires. Ils n’ont pas retrouvé leurs marges de manœuvres¸ pour engager, ne-fut-ce des « effets de tribune ». Or, la politique est une affaire de dynamique, qui n’accepte pas les tactiques de désengagement.
Nida Tounes n’a pas su transformer la majorité électorale, en majorité politique. Il rêve de retrouver la majorité de 2014. Or, il faudrait passer d’un vote de rejet (des autres), à un vote d’adhésion (à ses propositions).
De fait, il est actuellement en veilleuse. Depuis le fameux congrès de la discorde, de Sousse, il n’a pas encore pu réunir ses comités de direction. La reconstruction du consensus devrait mettre fin à ce long feuilleton de dérives. Bataille de personnes et de leaderships, plutôt que de programmes.
Beaucoup ont cru devoir sortir des rangs, en quête de constructions de nouvelles mouvances, plus ou moins formelles. Ils restent profondément divisés. Des ennemis communs ne font pas obligatoirement des intérêts communs. Les mouvements de rue qui traduisent un défoulement populaire, créent un climat de désenchantement.
L’exercice de la lucidité devrait assurer, un retour aux normes, un déploiement des partis sur le terrain, une prise en compte des difficultés du quotidien, du désespoir de la jeunesse : ‘‘Il ne faut pas oublier que pour un jeune de 20 ans, un homme de 50 ans est déjà vieux’’.
Ultime exigence, l’affirmation de la souveraineté nationale, le rejet de toutes allégeances, la fin des manœuvres politiciennes. La classe politique tunisienne devrait engager une stratégie de développement global, ouvrir le champ de vision, traiter tout à la fois la politique familiale, la vie sociale, la relance de l’économie, la redéfinition souveraine de la politique étrangère etc.
Ce spectre large a permis aux pères fondateurs, Habib Bourguiba et son équipe, de réaliser l’ambition de la génération de l’indépendance. Il faudrait prendre compte, conforter et assumer les rêves de la jeunesse, l’éloignant des dérives et assurer la revalorisation de la nation et la promotion de la solidarité collective.
Ne perdons pas de vue, que les vrais affrontements de l’histoire sont ceux entre générations, que la Tunisie nouvelle devrait transgresser. Expression des partis au pouvoir, le gouvernement devrait en conséquence monter sur le ring, pour accélérer le tempo. Il faudrait donner corps, concrétiser, matérialiser et accomplir le mythe de « la révolution »