Afin de présenter ses modèles récents de Sukuks souverains et privés, la Banque Zitouna a organisé, ce matin, une conférence de presse présidée par son Président Directeur Général, Ezzedine Khouja, en présence des principaux acteurs du monde économico-financier tunisien, à savoir Chedly Ayari, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie ( BCT ), Jalloul Ayed, ancien ministre des Finances, des représentants des autorités de tutelle, du CMF, des médias, etc.
A cette occasion, le PDG a rappelé que la Banque Zitouna a entrepris l’émission des premiers titres financiers islamiques sur le marché financier tunisien et a levé 45 millions de dinars (MDT) contre un objectif initial de 40 MDT. « Cette réussite reflète la confiance des investisseurs dans les réalisations et les perspectives de développement de la Banque », a affirmé M. Khouja.
Et d’ajouter que cette émission vient couronner un travail laborieux ayant pour but de concilier les contraintes réglementaires, charaïques et techniques. Ce montage a été agréé par le Comité Charaïque présidé par Cheikh Mokhtar Sellami, le Conseil du Marché Financier ( CMF ) ainsi que par la BCT.
Cinq ans après sa naissance, la banque poursuit sur sa lancée et se prépare, pour la période 2016-2020, en mettant en place une nouvelle stratégie et un business-plan pour devenir la banque de référence en Tunisie et la banque islamique leader en Afrique. « Cette stratégie nécessite des ressources stables pour réaliser une croissance équilibrée et respecter les exigences réglementaires de solvabilité ».
M. Khouja a noté qu’en l’absence de textes d’application de la loi sur les Sukuks, la banque s’est retrouvée contrainte de puiser dans les textes réglementaires en vigueur, de manière à concilier entre les exigences réglementaires et charaïques. Il a également précisé que grâce aux efforts déployés, la banque a structuré le premier titre islamique émis en Tunisie, baptisé « Certificats Zitouna » (شهادات الزيتونة) et basé sur les titres participatifs approuvés par le Comité Charaïque de la Banque.
« Ces titres sont considérées en tant que titres financiers venant consolider les fonds propres de la banque dans l’objectif de soutenir sa croissance. Ils ont pu capter des investisseurs institutionnels, banques, sociétés d’assurance, fonds d’investissement avec un rendement attendu de 8% payable sous forme d’une avance et d’un complément selon les résultats réalisés par la banque.
Sur un autre plan, la banque ambitionne de contribuer à la structuration des sukuks souverains, avec l’appui de la Banque islamique de développement, et ce par la création d’un nouveau modèle de sukuks souverains développé par une équipe d’experts charaïques, juridiques et financiers.
Ce nouveau modèle de sukuks sera émis dans le cadre d’une nouvelle société souveraine de financement islamique que la banque compte créer, permettant d’apporter une réponse aux problématiques posées, ayant retardé la première émission souveraine en Tunisie. Ce projet de société sera présenté aux autorités de tutelle, dont la BCT, le CMF, le Gouvernement et la commission des finances au sein de l’ARP, afin d’être approuvé.
Dans ce sens, le PDG a indiqué que les sukuks souverains constituent une pratique courante dans des pays musulmans et autres non musulmans, tels que la Grande Bretagne qui a émis en 2014 un emprunt sous forme de sukuks souverains de 200 millions de livres sterling et la Côte d’Ivoire qui a émis en 2016 des sukuks souverains de 244 millions de dollars.
Le temps est venu d’émettre des project bonds
Dans le même sillage, Jalloul Ayed a indiqué qu’afin de mobiliser l’épargne nationale, il demeure nécessaire d’opter pour une nouvelle composante du marché des capitaux, celle des sukuks en monnaie locale soumis au marché obligataire, c’est à dire émettre des « project bonds » (obligations de projet).
Pour émettre ces projets, le responsable a préconisé d’établir, en premier lieu, leur critères de sélection, en se basant sur leur impact économique (taux de rentabilité interne – TRI), leur impact social (création d’emplois) et leur impact sur l’environnement, et ce, pour que la BCT puisse, en deuxième lieu, mettre en place un système de couverture à long terme visant à rassurer les situations de change.
Par contre, vu que les sukuks en devises sont une composante soumise au marché conditionnel, la Tunisie ne devrait pas les émettre en ce moment, vu la dépréciation du dinar et le problème que pose la note souveraine de la Tunisie. « Avant d’opter pour ce mécanisme de financement, il faut, tout d’abord, améliorer notre note souveraine en particulier et la situation de l’économie tunisienne en général ».
Revenant sur l’initiative de créer une société souveraine de financement islamique, M. Ayed l’a jugée « importante » parce qu’elle offrira une certaine flexibilité de nouveaux actifs, sachant que la Tunisie n’a pas encore travaillé réellement sur le développement de tout un univers islamique, sur la compétitivité du coût transactionnel, ainsi que sur la structure des financements sur une base islamique, etc.
Au final, Jalloul Ayed a affirmé que c’est le moment d’étudier, en Tunisie, l’univers islamique, en lui accordant un intérêt particulier pour développer le marché financier tunisien.
A noter que la Banque Zitouna , une banque commerciale islamique au capital social de 88,5 MDT, affiche depuis sa création une image moderne, jeune et innovante. Elle se développe à un rythme d’ouverture de 18 nouvelles agences par an. Disposant 85 agences à fin 2015, la banque comptera, à fin 2016, plus de 100 agences réparties sur tout le territoire tunisien.
A l’horizon 2020, elle envisage de compter 160 agences et de réaliser 25% de croissance avec 5,5% de part de marché (en terme des dépôts) du secteur bancaire tunisien.