«Relance des hydrocarbures en Tunisie : réalités et défis», tel était le thème du déjeuner-débat organisé aujourd’hui par la Chambre tuniso-néerlandaise pour le commerce et l’industrie ( CTNCI ), et ce, en présence de Mohamed Akrout, PDG de l’ETAP, Radhi Meddeb, économiste, Michaela Dodini, chef de section commerciale à la délégation de l’Union Européenne en Tunisie, Hans van Vioten Disservelt, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas à Tunis, Mark Liebster, président de la CTNCI, et Mongi Goaied, secrétaire général de la CTNCI…
Le secteur des hydrocarbures en Tunisie s’inscrit, aujourd’hui, dans un contexte caractérisé par un déficit énergétique, une nouvelle gouvernance, une conjoncture internationale défavorable affectée par les baisses des prix qui impactent directement les investissements et la contrebande qui représente environ 25% des produits blancs, essentiellement, le gasoil…
Parlant chiffres, Radhi Meddeb a précisé que la Tunisie a été, jusqu’à l’an 2000, excédentaire avec une production d’hydrocarbures supérieure à la consommation. Depuis l’an 2000 et jusqu’en 2010, le pays a enregistré un déficit global mais il a été plus ou moins gérable. A partir de 2011, ce déficit s’est creusé et même emballé. De ce fait, durant les deux décennies pré-révolution, la baisse annuelle de la production a été en moyenne de 2%, contre une moyenne annuelle de 6,1% durant les cinq dernières années.
Au volet de la recherche et de l’exploitation, M. Meddeb a indiqué qu’entre 2000 et 2010, la Tunisie a réalisé 12 forages, contre seulement 4 de 2011 à fin 2014. S’agissant des entreprises actives dans le secteur des hydrocarbures, on en comptait 79 jusqu’en 2010 contre 53 entreprises actuellement.
Au niveau des prix des hydrocarbures à l’international, l’économiste a fait savoir qu’ils ont enregistré une chute de 40% entre 2014 et 2015. Ces prix sont passés de 140 dollars le baril en 2004, à 110 dollars en 2007 jusqu’à mi-2014, pour atteindre 35 dollars le baril actuellement. Cette chute des prix du baril a engendré une chute des investissements de 30%.
Quant à la balance énergétique en Tunisie, une baisse de la facture énergétique et des exportations a été constatée. Ainsi le coût global s’est accru, se répercutant sur le taux de couverture, qui est passé de 100% dans les années 90, à 80% en 2000 et à 37% en 2015.
De par ces indicateurs négatifs, les grands projets structurants, tels que celui du champ de gaz naturel Nawara, de l’interconnexion entre la Tunisie et l’Italie, du GPL à Gabès ont connu un immense retard au niveau de l’achèvement des travaux et de la mise en fonction. Ce retard a également impacté la balance énergétique.
Face à ce bilan quasiment négatif, de multiples équations difficiles s’imposent pour le développement du secteur
Dans ce sens, Radhi Meddeb a préconisé une liste de mesures. Il s’agit, en premier lieu, de revoir la gouvernance du secteur, à travers une refonte du code des hydrocarbures, la création d’une autorité de régulation de l’énergie, la redéfinition des missions de la DGE, de l’ETAP, de la commission technique à l’ARP, la construction des capacités nationales de haut niveau, l’établissement d’un benchmark précis sur l’attractivité du site Tunisie en matière de ressources, de fiscalité et autres avantages compétitifs…
Il a recommandé, pour le gaz naturel, d’intensifier la recherche et de s’engager dans une recherche et développement du gaz naturel non conventionnel.
Pour le mix énergétique, le responsable a assuré qu’il faut rationaliser la consommation et la facture énergétique de la Tunisie, accélérer les projets solaires et éoliens, afin d’alléger le bilan du gaz et d’assurer l’interconnexion avec l’Europe.
Dans le même sillage, Mohamed Akrout a assuré qu’une stratégie de développement du secteur énergétique a été élaborée et sera prochainement examinée lors d’un Conseil ministériel. Les axes prioritaires de cette stratégie énergétique se résument dans la relance de l’exploitation du gaz non conventionnel, l’intensification de cette exploitation, la mise en place d’une politique de gaz à cheval entre l’exploitation et la production, la sécurité des sources d’approvisionnement et de la taille de raffinage, le maintien de la raffinerie tunisienne, le renforcement des capacités de stockage…