Quelles solutions pour faire face au chaos rampant en Libye ? Il est clair que la situation politique et sécuritaire se complique chaque jour un peu plus.
Le pays est divisé en plusieurs camps: deux gouvernements rivaux, le premier qu’on appelle le gouvernement Tobrouk est reconnu par la communauté internationale ; un autre gouvernement à l’ouest, non reconnu et plus connu sous le nom de Fajr libya, soutient les islamistes. Il faut aussi ajouter le nouveau gouvernement d’union nationale libyen installé à Tunis et désigné par l’ONU et qui devrait prendre ses quartiers à Tripoli, au cas où le processus de transition démocratique en Libye aboutirait.
Concernant la situation sécuritaire, elle a été qualifiée de « très difficile” par Ali Zarmedini, ancien colonel et expert en sécurité qui précise: “ Nous sommes devant plusieurs menaces, non seulement nous recevrons un grand nombre de réfugiés, mais nous risquons également des infiltrations d’éléments terroristes, qui sont une réelle menace pour la Tunisie. Il ne faut pas non plus oublier l’existence de cellules dormantes chez nous. Toutefois, je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises le terrorisme est international, il y a une relation entre tous les groupes terroristes, que ce soit Daech, Al Qaïda, Boko Haram, etc.
Abordant la question de l’attaque américaine du 19 février, il a répondu que la doctrine américaine est fondée sur la sécurité des USA, avant tout, car leurs intérêts et ceux de l’Europe sont profondément menacés par la situation en Libye.
La question qui se pose est : peut-on parler d’une guerre ouverte, déclarée ou encore ne serait-ce qu’un remake de l’Irak 2003? Est-ce que Tripoli sera comme Bagdad avec une zone verte, on l’ignore encore?
La situation est extrêmement tendue. Entre les anciennes kateyebs de Kadhafi qui essaient de revenir sur le devant de la scène dominée par les nouveaux pouvoirs, à savoir le gouvernement de Tobrouk, celui de d’union nationale qui peine encore à diriger le pays, ou encore les milices de Fajr Libya (les Frères musulmans).
Tout est flou, pour l’instant, il se pourrait que la Libye vive le scénario de l’Irak 2003, affirme de son côté, Bassel Torjamane, expert dans les affaires des groupes terroristes dans le Grand Maghreb.
Il poursuit: “Mais j’ajouterais entre autres que l’Italie soutiendra le gouvernement d’union nationale en lui assurant toute la protection nécessaire, le déploiement de 1000 soldats afin de protéger ce gouvernement une fois installé, et une fois qu’il aura bénéficié de l’investiture du Parlement. Mais je doute fort que ce gouvernement puisse prendre les rênes, avant quelques années!”
Ce qu’en pensent les Tunisiens
Qu’en pensent les Tunisiens ?, quelles seraient, selon eux, les conséquences d’une intervention militaire extérieure ?
Quelle est la position de la Tunisie?
Des responsables tunisiens soutiennent la démarche du processus démocratique, à savoir la mise en place du gouvernement d’union nationale libyen, a déclaré Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, dans une déclaration sur les ondes de Mosaïque fm. Il a également ajouté qu’une réunion des pays voisins de la Libye se tiendra les 21 et 22 mars à Tunis afin de trouver des solutions à la crise que traverse le pays.
Qu’en pensent les députés de l’ARP?
Leila Chettaoui, députée de l’ARP, déclare que “la position de la Tunisie est claire. En tant que Tunisiens nous sommes pour l’indépendance et l’autonomie dans la prise de décision des différents pays. C’est aux Libyens d’être les maîtres de leur décision et de l’avenir de leur pays. La Tunisie a œuvré d’une façon assez secrète et d’une façon aussi active pour que ce gouvernement d’union nationale libyen soit mis en place”.
Elle ajoute : « Le message que nous avons voulu faire passer sur le plan international, à savoir intervenir en Libye sans une demande du gouvernement en place et surtout sans un relais, est dangereux pour la Libye, et pour toute la région. Nous avons été très clairs à ce propos. Intervenir en Libye sans l’accord des pays du voisinage : la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, est une ligne rouge à ne pas dépasser ».
Qu’en est-il pour la communauté libyenne en Tunisie?
Pour des raisons personnelles, une femme, la quarantaine, confie sous couvert de l’anonymat : » Ce que les médias diffusent est entièrement faux. A Tripoli, nous n’avons rien vu, comme vous dites des affrontements entre Daech et les habitants de la région. Les centres commerciaux sont ouverts, les femmes conduisent la nuit, tout est normal. A Mesrata, j’ignore ce qui se passe, mais ce que je peux affirmer c’est qu’à Tripoli tout est calme », souligne-t-elle. Elle renchérit: “ Vous savez le peuple libyen est un bon peuple, il n’a rien d’un terroriste. Qui sont les terroristes, vous savez qu’ils proviennent de différentes nationalités ”. “Avez-vu un Libyen se faire exploser? Bien évidemment non, ce sont des Tunisiens, des Maliens, etc. Ce sont des mafias sous l’appellation de Daech, voilà en quoi se résume la situation”, déplore-t-elle.
Est-ce que tous les moyens ont été employés pour faire face à l’organisation terroriste Daech?
« Une guerre secrète de la France en Libye », tel est le titre du quotidien le Monde, dans son édition du 24 février, selon lequel l’objectif n’est pas de gagner la guerre mais de bloquer l’avancée du groupe terroriste. A ce niveau, peut-on parler de la politique de la terre brûlée? Alors que les USA agissent autrement. Ils ont directement bombardé l’un des camps, le lieu emblématique des terroristes.
Qu’en est-il des discussions pour appuyer le processus de transition démocratique, pour qu’au final, les Libyens soient les principaux décideurs ?
Après cinq années, la Libye a perdu son début de printemps arabe, et peut-être elle ne l’a jamais connue. Cependant, elle demeure déchirée entre plusieurs factions gouvernementales dont le principal objectif et de se préparer à la prise du pouvoir.
Tels sont les enjeux d’un grand nombre de responsables libyens.