A quel stade en est-on dans l’enquête? Quelles sont les révélations faites par le comité de défense chargé de l’affaire Chokri Belaïd? C’est en partie le sujet de la conférence de presse qui a eu lieu aujourd’hui à Tunis.
Ali Kalthoum, avocat du comité de défense de Chokri Belaïd, a réitéré une fois de plus la nécessité de dessaisir le juge d’instruction en charge du dossier pour entrave à la justice.
Il déclare : « Quand on lui a demandé par écrit de perquisitionner la salle de sport où s’entraînait le présumé terroriste Kamel Ghadhgadhi avec ses amis d’Ansar Chariaa, ce qui aurait pu conduire à d’autres indices, il n’a rien fait. »
Lors de la conférence de presse, il est revenu sur le jour de l’assassinat de Chokri Belaïd, pour montrer une fois de plus les défaillances du système judiciaire, en pointant du doigt le juge d’instruction et en précisant: « Il était sur les lieux à la clinique Ennasr, puis il est parti. Et ce n’est que cinq jours après, le 11 février, qu’il est revenu sur les lieux du crime, alors qu’il aurait dû le faire le jour même. Par ailleurs, j’accuse directement le mouvement Ennahdha d’être responsable de près ou de loin de l’affaire de Chokri Belaïd, ainsi que le juge d’instruction, qui est l’un des leurs. »
Mais le nom d’un nouveau terroriste vient d’être cité, lors de la conférence de presse. Il s’appelle Boubaker el Hakim, terroriste international recherché par les services de renseignement étrangers. Cette personne a été condamnée à sept ans de prison par un tribunal parisien, il a été arrêté et incarcéré depuis 2006. Comment est-il arrivé en Tunisie, le 28 février 2013? Et le 17 juillet 2013, il a été vu dans une maison à la Cité el Ghazala, puis il s’est enfui. Comment se fait-il que le ministère de l’Intérieur n’ait pas eu connaissance de l’entrée et de la sortie de ce terroriste. J’aimerais bien en savoir davantage. »
De son côté, Besma Khalfaoui a souligné que l’Etat n’a pas levé le petit doigt pour connaître la vérité sur l’assassinat de Chokri Belaïd. Elle déclare: « Nous craignons qu’avec ce qui se passe en ce moment à proximité des frontières avec la Libye, on oublie les dossiers des deux martyrs Chokri Belaïd, et Mohamed Brahmi, qui, à mes yeux, sont des crimes d’Etat. »
Evoquant la proposition de faire du 6 février un jour national de lutte contre le terrorisme, elle a affirmé: « Nous n’avons eu de nouvelles ni du gouvernement, ni de la présidence, encore moins de l’ARP. »
Elle conclut: « Pour assurer une transition démocratique, il est de notre devoir de connaître la vérité. Pourquoi ne pas créer un tribunal international qui portera le nom de Chokri Belaïd, comme celui de Rafik el Hariri ».
Pour rappel, les audiences du procès de l’affaire Belaïd reprendront le 15 mars prochain.