Le 25 février a connu une forte mobilisation des forces de l’ordre affiliées au Syndicat national des forces de sécurité intérieure ( SNFSI ), qui compte 34 mille membres. Ils ont répondu à l’appel de leur syndicat pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions socioéconomiques.
Ce jour-là, les habitués de la Kasbah ont été surpris de voir des milliers d’agents des forces de l’ordre manifester et scander des slogans hostiles au gouvernement, tout en rappelant leurs revendications.
Cette scène, inhabituelle pour certains, a alimenté le débat à plus d’un titre, car certains observateurs ont estimé que les grèves et mouvements sociaux des forces de l’ordre sont en principe interdits par la loi, conformément à l’article 36 de la Constitution qui stipule: « Le droit syndical est garanti, y compris le droit de grève. Ce droit ne s’applique pas à l’armée nationale ni aux forces de sécurité intérieure et ni aux agents de la Douane. » Donc, il s’agit d’une violation de la loi. D’autres ont déclaré que, comme tout corps de métier, les agents de l’ordre ont des revendications qui doivent être satisfaites.
La présidence du gouvernement s’est contentée de rendre public un communiqué où elle affirme sa volonté de poursuivre devant la justice les organisateurs de la manifestation et notamment les agents qui ont scandé des slogans à l’encontre du gouvernement.
Car, faut-il le rappeler, les agents des forces de l’ordre n’ont pas hésité à dire « dégage » à la présidence du gouvernement.
En tout état de cause, Nabil Ayari, secrétaire général du syndicat, n’a pas mâché ses mots, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, 1er mars 2016 à Tunis : il a déclaré sans ambages que le syndicat est fier d’être traduit devant la justice, car il n’a fait que défendre les intérêts de ses affiliés et d’affirmer sa confiance dans la justice tunisienne.
Mais que reproche-t-on au juste au Syndicat national des forces de sécurité intérieure? De vouloir déstabiliser le pays, mener un coup d’Etat ou d’outrage à l’Etat. Pour démentir ces accusations, des images ont été projetées dans le cadre de la même conférence montrant des agents des forces de l’ordre qui sont venus avec leurs enfants, en signe de geste pacifique. Et si cela ne suffisait pas, d’autres images témoignent bel et bien que tous ceux qui ont accédé à la place de la Kasbah étaient munis de leur carte de service et étaient sans armes, ce qui prouve l’esprit pacifique de la manifestation. Que ce soit devant le palais de Carthage ou devant la présidence du Gouvernement, l’attitude des agents protestataires et ceux de la garde présidentielle était amicale et aucun accrochage n’a eu lieu, selon les photos projetées lors de la conférence.
Notons que des femmes du secteur sont venues en civil pour y participer. Les réponses du syndicat sont bel et bien prêtes pour se défendre de toutes les accusations relayées par les différents supports médiatiques. « C’est une campagne programmée à l’avance, nous savons qui se cache derrière et cela ne nous fait pas peur », dit Chokri Hamada, le porte-parole du syndicat.
Que ceux qui détiennent des preuves contre nous les présentent
Répliquant au secrétaire général de l’Union des syndicats des forces de l’ordre l’accusant de financement louche, le syndicat a invité ceux qui détiennent des preuves à les présenter, sinon une plainte sera déposée contre eux. De même, un autre message a été adressé au ministère public sur fond de l’intervention de Noureddine Ben Ticha accusant les syndicats des forces de l’ordre de « faire partie de Daech ».
Prime de risque et prime de rendement
Telles sont les revendications majeures des syndicalistes qui condamnent le décalage flagrant entre les même primes attribuées aux agents des forces de l’ordre et à l’armée. D’après eux, le décalage est estimé à 450 dinars pour la prime de risque. L’autre problème est relatif à la durée des négociations, si le syndicat opte pour une négociation sur deux ans, le gouvernement opte pour une négociation sur trois années.
Dans le même contexte, le syndicat considère qu’il a été écarté pour que le gouvernement puisse passer des projets relatifs à l’assurance et à la réassurance et un autre relatif à la vente des voitures, tout en avançant que des lobbies se cachent derrière cette prise de position.
Il est à noter que la commission syndicale élargie se tient aujourd’hui pour décider des prochaines étapes.
Ainsi le syndicat ne reconnaît pas la convention qui a été signée entre les deux autres syndicats et le gouvernement dans la soirée du 28 janvier. Il estime qu’elle ne répond pas aux demandes du corps de métier.