Le Conseil des ministres arabes de l’Intérieur a pour objectif de développer la coopération, d’harmoniser les efforts des Etats arabes en matière de sécurité intérieure et de lutter contre la criminalité, de définir la politique générale de promotion de l’action arabe commune et de décider des plans sécuritaires arabes communs en application de cette politique.
Dans le cadre de sa concertation sécuritaire, réunie à Tunis, le 2 mars, la 33e session du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur redéfinit la stratégie commune, afin de faire face à des défis sans précédent. Dans ce cadre, elle a procédé à une étude des défis sécuritaires et exprimé son appréhension du terrorisme. Ne perdons pas de vue que Daech est installé en Irak, en Syrie et en Libye et menace l’ensemble de l’aire arabe.
Innovation de la session, elle identifia le mouvement Hizb Allah comme mouvement terroriste et dénonça le rôle qu’il aurait joué dans « la remise en cause de la stabilité dans l’aire arabe ». La 33e session du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur a, en réalité, suivi l’exemple du Conseil des pays du Golfe et condamna, le même jour, le mouvement Hamas dans les mêmes termes. D’ailleurs, les pays du Golfe avaient demandé une révision de ses relations avec le gouvernement libanais, vu le comportement du parti Hizb Allah. Signalons que l’Arabie saoudite a arrêté son financement à l’armée libanaise, l’expliquant par ce grief.
Cette position du sommet arabe, suscitant des réserves de certains Etats dont l’Irak et qui fragilise l’unité libanaise, puisqu’elle concerne un parti associé au pouvoir, semble faire valoir une nouvelle orientation. Elle remet à l’ordre du jour une redéfinition de la sécurité arabe, selon la démarcation de la géopolitique de la guerre syrienne – Hizb Allah et l’Iran s’opposant aux pays du Golfe et à la Turquie. Elle adopte, d’autre part, hâtivement l’opposition sunnite/chiite, du discours simpliste, qui tente de définir les oppositions géopolitiques par les divisions religieuses.
Ne perdons pas de vue que l’opinion publique arabe apprécie le rôle de Hizb Allah dans la résistance à Israël, au Liban. La dénonciation de cette mouvance risquerait de susciter son mécontentement. D’autre part, des analystes expliquent ce repositionnement par l’hégémonie du discours des pays du Golfe, dans l’aire arabe. Un retour aux normes ou plutôt à la lucidité inviterait les acteurs arabes à réviser leurs définitions et leur hiérarchisation des mouvements terroristes. Ils devraient rester au-dessus de la mêlée, des conflits, tout en élargissant leur solidarité à l’Iran et à la Turquie.