La Fédération nationale de l’information et de la communication relevant de l’UTICA a tiré la sonnette d’alarme du secteur des TIC, et ce, lors d’un point de presse organisé ce matin.
A cette occasion, les représentants de la Fédération, présidée par Kais Sellami, ont été unanimes à dire que si la Tunisie n’adhère pas rapidement à l’économie numérique, elle n’arrivera jamais à avancer dans le monde actuel, qui dépend majoritairement du numérique, une locomotive pour booster l’économie tunisienne et même réformer le secteur privé.
Cette économie numérique s’articule autour de plusieurs enjeux clé qui se résument dans la création de l’emploi, la réduction du taux de chômage, la garantie du développement régional et l’équité sociale, la création de la richesse, le développement d’une croissance économique durable, le maintien de la sécurité nationale, la maitrise des dépenses et des équilibres macroéconomiques ainsi que l’amélioration de la productivité.
Pour ce faire, depuis trois ans, l’Etat s’est engagé dans plusieurs projets dans le cadre de la stratégie «Tunisie Digitale 2018». Il s’agit d’une stratégie nationale basée sur six axes stratégiques, dont l’infrastructure, l’e-gov, les usages, l’e-business, l’offshoring et l’innovation, ayant pour vocation de faire travailler en harmonie le secteur public avec le secteur privé, afin de garantir des emplois dans l’e-tourisme, l’e-santé, l’e-transport…
Parmi les composantes de ce projet s’affiche le projet Smart Tunisia destiné à l’offshoring qui permettra à la Tunisie de conforter sa position internationale par rapport aux nouvelles technologies de l’information et visant la création de 80 mille emplois.
Concrètement et au vu de l’état actuel des choses, les responsables ont constaté que rien n’a encore été réalisé et aucun projet n’est effectif.
Revenant sur la stratégie nationale «Tunisie Digitale 2018 », visant la réalisation de 62 grands projets, plus que deux ans après son lancement, les résultats sont, selon les représentants de la Fédération, pratiquement à zéro.
Citant l’exemple du projet national de très haut débit qui vise la couverture de tout le territoire par la fibre optique pour garantir un débit correct et de bonne qualité, il n’a encore affiché aucun avancement.
Idem pour le projet d’e-tourisme, visant la création de 1000 postes d’emplois, qui est encore en phase d’étude, et ce, malgré les efforts déployés par la Fédération.
Dans le même sillage, le projet Smart Tunisia est encore en stand by et le budget alloué n’est même pas encore libéré. Certes, il y a plusieurs dizaines de contrat d’offshoring qui seront signés, mais la machine Smart Tunisia n’évolue pas assez rapidement.
Face à cette situation, plusieurs interrogations se posent: comment peut-on encourager l’offshoring et la prospection de clients à l’international quand l’équipe est très limitée? Comment veut-on que Smart Tunisia soit la vitrine reluisante de l’économie numérique du pays quand on ne lui donne pas les moyens basiques pour travailler? Comment veut-on que la Tunisie devienne un hub numérique quand Smart Tunisia se voit refuser une démarche d’Appel d’offres pour recruter une agence de communication et marketing qui l’aidera à mieux communiquer à l’internationale?
En réponse, tant qu’il y a des problèmes logistiques, des entraves administratives et des problèmes de gestion, de gouvernance et de coordination efficace entre les ministères concernés et les parties prenantes, «les projets à forte valeur ajoutée ne pourront jamais être réalisés et on n’aura ni industrie locale ni industrie destinée à l’offshoring. D’où, la Tunisie reste loin d’être compétitive en matière des TIC en comparaison avec les autres pays de l’Afrique, comme le Maroc, le Kenya, la Côte d’Ivoire…
«Pour y faire face, c’est au gouvernement de jouer son rôle en misant sur les priorités d’urgence, tel que le développement du secteur des TIC, et ce, en collaboration avec le secteur privé, parce que sans un partenariat public-privé, on ne pourra pas parler de Recherche et Développement et de l’économie numérique à fort potentiel d’employabilité et de lutte contre le chômage», concluent les représentants de la Fédération.