Comme chaque année le 8 mars est la Journée internationale des Femmes. Nous avons rencontré des femmes d’ici et d’ailleurs.
Pour elles, le combat est le même : ne jamais baisser les bras. Politicienne, artiste, sportive, femme au foyer, fonctionnaire, agricultrice, artisane, écrivaine, chacune d’elles livre un message personnel qu’elle tient à faire passer.
Rencontrée lors du colloque organisée par l’ONU Femmes, Seynabou Dia, Franco-sénégalaise, officier des droits de l’Homme depuis quatre ans, fait un état des lieux de la situation en général des femmes. Selon elle, la vraie question est de savoir si les mentalités des hommes et des femmes ont évolué par rapport au rôle de la femme, sa place, ses droits égaux à ceux des hommes.
Elle précise: « Oui, malheureusement, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Et d’ailleurs quand on fait une analyse dans les pays développés, comme en Europe, ou en Tunisie, il y a encore des progrès à faire, mais aussi des obstacles à surmonter. »
« Personnellement, je trouve que c’est dommage que cette célébration ne se fasse que le 8 mars– c’est que les célébrations et la promotion de la femme devraient se faire tous les jours, pas que le 8 mars; le 8 mars, ce devrait être le point d’orgue d’initiatives et de célébrations de la femme qui ont eu lieu tout le reste de l’année. »
Elle poursuit: » Je trouve qu’il y a beaucoup de choses positives dans la législation tunisienne. Mais j’ai l’impression qu’il y a également une régression qui s’opère aussi bien dans le monde arabo-musulman que dans le monde occidental avec la montée de l’extrémisme. Mais ce que je vois, en ce moment, c’est le besoin de la présence d’une femme forte pour résister et contribuer à faire avancer la paix dans le monde. »
Mme Seynabou Dia a voulu délivrer son message, à l’occasion du 8 mars, message qu’elle a adressé aux hommes: « Il ne faut pas avoir peur de la femme et de tout ce qu’elle représente. Mais bien au contraire, elle est la meilleure partenaire qu’il puisse y avoir vraiment. Cela dit, le jour où il y aura une égalité homme-femme, les deux seront gagnants. »
Ma devise dans la vie, je dirais, ne pas essayer de copier les autres et suivre son chemin.
Elle ajoute : « En parlant des femmes, j’aime beaucoup le personnage d’Antigone, parce qu’elle va au bout de ses idées, qu’elle ne se laisse pas impressionner même si ça peut vouloir dire un combat très fort contre sa famille, et c’est elle qui gagne par la force de ses idées et de son engagement. »
De son côté, Boutheïna Gribâa, ancienne directrice générale du Credif et consultante, souligne que la femme tunisienne est toujours en quête d’une égalité tant convoitée depuis l’indépendance, « ce qui nous paraît d’ailleurs assez étonnant, car la situation de la femme en Tunisie est considérée comme exemplaire, voire unique dans certains des aspects égalité homme-femme dans le monde arabo-musulman. Cela dit, les indicateurs socio-économiques montrent le contraire, car il y a en effet des écarts concernant sa participation que ce soit sur le plan économique, politique et particulièrement dans les postes de décision », confie-t-elle.
Elle poursuit: « En termes de législation, nous avons réalisé de grandes avancées, grâce à la Constitution, grâce aux articles 21, 46 et 49 de la nouvelle Constitution qui prônent explicitement l’égalité entre homme et femme et confèrent aux femmes les mêmes droits politiques. On n’a pas encore enregistré la mise en œuvre de ces articles, mais nous sommes confiantes quant à l’avenir du pays, malgré les menaces provenant de la montée du radicalisme religieux. »
Elle conclut: « Mon message aux femmes tunisiennes est qu’il faut bouger et être solidaires. Il faut aussi que les ONG fassent de la coordination entre elles et qu’elles travaillent en complémentarité avec le ministère de la Femme. Quant à ma devise, en tant que femme, je dis toujours apprendre et ne jamais baisser les bras. Mais mon message aux décideurs est de bien outiller la femme pour qu’elle contribue au changement. »