En pleine transition, les pays de l’Afrique du Nord ont connu des bouleversements majeurs ces dernières années sur le plan économique, social et politique.
Afin d’améliorer leur compétitivité et restaurer la confiance des investisseurs, les pays ont entamé un processus de réformes économiques mais ils doivent réaliser davantage de progrès en matière de compétitivité s’ils veulent créer des emplois décents, notamment pour la jeunesse qualifiée, et une croissance inclusive et durable.
Dans cette optique, la Banque Africaine de Développement (BAD) a organisé, aujourd’hui, un atelier régional sur la compétitivité en Afrique du Nord. Dans ce cadre, les conclusions du Rapport sur la compétitivité en Afrique 2015 , et de la Stratégie 2013/2022 pour la transformation de l’Afrique, notamment la priorité accordée au développement du secteur privé, ainsi que les priorités d’amélioration de la compétitivité dans les pays d’Afrique du Nord, ont été débattues par Jacob Kolster, Directeur Département régional d’Afrique du Nord BAD, Audrey Verdier-Chouchane, Economiste de recherche en chef BAD, Thouraya Triki, Economiste-pays en chef BAD, Habib Zitouna, Directeur Général de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives, et des représentants des pays d’ Afrique du Nord et des secteurs privé et public.
Transformer les économies africaines
L’Afrique rencontre depuis longtemps des difficultés pour renforcer sa compétitivité, et ce, malgré une quinzaine d’années de forte croissance économique, soit une moyenne de 5%, ses pays sont parmi les moins compétitifs du monde. Cependant, la région affiche de meilleures performances macroéconomiques, une plus grande stabilité et une gouvernance plus saine. Elle est également à la pointe des réformes visant à améliorer le cadre des affaires.
Elle présente aussi de bonnes perspectives de croissance dans le secteur des services et détient le potentiel de réaliser des améliorations essentielles en matière de productivité agricole et de participation aux chaînes de valeur mondiales.
Elle connaît, de même, un accroissement rapide de sa population qui porte la promesse de l’émergence d’un vaste marché de consommateurs et d’une main-d’œuvre sans précédent offrant d’importantes perspectives de croissance.
Mais l’Afrique reste une économie essentiellement rurale, caractérisée par un vaste secteur informel et une croissance portée principalement par les ressources naturelles. Malgré des taux de croissance constamment élevés, près d’un Africain sur deux vit toujours dans l’extrême pauvreté et les inégalités de revenus sur le continent demeurent les plus élevées du monde. De plus, d’un secteur à l’autre — de l’agriculture à la transformation en passant par les services – les niveaux de productivité restent faibles.
De ce fait, il a été constaté, à l’issue de la cinquième édition du Rapport sur la compétitivité en Afrique 2015: Transformer les économies africaines, réalisé conjointement par la BAD, le Forum économique mondial, la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques, que la meilleure façon de procéder pour l’Afrique consiste à asseoir sa forte croissance sur des bases durables et solidaires, en augmentant la productivité dans tous les secteurs de l’économie et en créant des emplois de qualité.
Pour ce faire, la même source a fait ressortir plusieurs défis qui interpellent le continent, à savoir la transformation des économies africaines, l’accroissement de la compétitivité agricole, l’amélioration du rôle des services et l’exploitation des possibilités offertes par les chaînes de valeur mondiales.
Afin de relever ces défis, le rapport a conclu qu’il demeure nécessaire de développer l’infrastructure de transport et des TIC, améliorer la qualité de l’enseignement, réduire les barrières commerciales et renforcer le cadre réglementaire.
A noter que selon l’Indice de compétitivité mondiale, le Maroc domine le Maghreb en matière de compétitivité économique. Il occupe la première position au Maghreb, la quatrième sur le continent africain et le 72e rang mondial sur 148 pays, suivi de l’Algérie (79e), la Tunisie (87e), la Libye (126e) et la Mauritanie (141e mondial).
Stratégie 2013/2022 pour la transformation de l’Afrique
Dans le même sillage, la transformation économique du continent africain a constitué la pierre angulaire de la stratégie décennale (2013-2022) de la BAD. Pour faire de l’Afrique le pôle de la croissance mondiale, cette stratégie a été axée sur deux objectifs visant à améliorer la qualité de la croissance de l’Afrique, à savoir la croissance inclusive et la transition vers la croissance verte.
Pour ce faire, cinq domaines sur lesquels la BAD a axé ses activités sont à relever. Il s’agit notamment du développement de l’infrastructure, de l’intégration économique régionale, du développement du secteur privé, de la gouvernance et la responsabilisation et du développement des compétences et de la technologie.
La stratégie a proposé aussi de rechercher des modalités nouvelles et innovantes de mobilisation des ressources pour accompagner la transformation de l’Afrique, et ce, en utilisant de façon optimale ses propres ressources.
En ce qui concerne le développement du secteur privé, la dynamique de la création de richesses et d’emplois en Afrique – et un certain nombre de tâches incombant aux gouvernements – est de plus en plus tributaire des fonds privés plutôt que publics. En œuvrant directement comme indirectement avec les gouvernements, la BAD continuera d’être un partenaire de plus en plus actif et un facilitateur de l’investissement privé en Afrique.
En fournissant des concours financiers et des services d’assistance technique et de conseil, elle concevra des activités qui répondent aux besoins, opportunités et enjeux propres au secteur privé.
Elle mettra l’accent sur le développement de l’entrepreneuriat africain, contribuera à éliminer les difficultés auxquelles se heurtent les femmes et les jeunes entrepreneurs et appuiera le développement des micro-entreprises et des petites et moyennes entreprises (PME).
En renforçant le secteur financier, elle stimulera les prêts aux micro-entreprises et aux PME, contribuera à développer les marchés locaux de capitaux, à promouvoir une meilleure gouvernance et la gestion de risques des institutions financières et à favoriser l’adoption et l’application des normes et réglementations financières.
Nous y reviendrons