Afin de transformer la recherche en projets concrets et de mettre en contact les industriels et les chercheurs dans le domaine des eaux, un workshop intitulé « Eaux : innovation et valorisation des résultats de la recherche » s’est tenu ce matin à l’UTICA. Ojectif : rapprocher le centre des industriels.
Le professeur et directeur du Centre de Recherche et des Technologie des eaux à la Technopole de Borj Cédria, Ahmed Ghrabi, a indiqué qu’il souhaiterait que la valorisation et l’innovation dans la recherche concernant les eaux participent à donner des solutions durables. Et c’est au niveau de la prospection, de l’amélioration de la nature des eaux qu’il faut agir : « Nous savons très bien que les industriels consomment énormément d’eau et nous intervenons au niveau des eaux polluées pour les valoriser afin qu’elles deviennent utilisables dans différents secteurs à l’instar de l’agriculture », confie-t-il.
D’ailleurs, le centre en question travaille depuis 30 ans pour trouver des réponses à ces questions. Actuellement, le centre dispose de ses propres brevets d’invention qui sont le résultat de travaux réalisés pour les besoins des industriels et même pour améliorer le cadre de vie des Tunisiens. Ce n’est un secret pour personne que les scientifiques sont peu communicatifs. Pour preuve, le Centre de Borj Cedria n’a tenu qu’une seule conférence de presse depuis sa fondation en 1983 et c’était en 2015. A la lumière de la discussion entre les industriels et les chercheurs, ces derniers pourront orienter la recherche et leurs méthodes de travail. Ainsi ce travail permettra d’établir des conventions entre la recherche et les industriels.
Les axes sur lesquels il faut travailler sont le gaspillage d’eau, l’économie d’eau, la valorisation, le traitement et le recyclage des eaux. D’ailleurs, pour ce professeur toutes les eaux qu’elles soient polluées, utilisées peuvent faire l’objet de traitement et la technologie doit la traiter pour un bon usage.
Ainsi les eaux usées devraient être orientées vers d’autres utilisations à l’instar du lavage, l’arrosage entre autres. Ainsi il a recommandé le retour au Majel et Faskkiya (réservoirs pour collecter l’eau de pluie). Malgré la valeur ajoutée de la recherche, c’est seulement depuis trois ans que des partenariats entre le centre en question et le ministère, le ministère de l’Agriculture, le ministère de l’Education ont pu être réalisés. Ainsi la rencontre d’aujourd’hui entre le monde des affaires et le monde de la recherche scientifique pourrait porter ses fruits.
Parmi les solutions proposées par le Centre de Recherches et des Technologies des Eaux, on cite le bioréacteur à membrane, conçu par Baha Chamam Dahmen, docteur en génie des procédés de l’UM2 et chercheur au CERTE qui consiste en une technique avancée de traitement des eaux usées. Elle remplace de plus en plus les stations d’épuration classiques et fournit une eau de qualité élevée et stable pouvant être recyclée. Ainsi la valeur ajoutée de la solution réside dans :
-l’absence totale de matières en suspension et de matières colloïdes,
-la désinfection poussée et la rétention totale des espèces biologiques.
En matière de détartrage, le professeur Mohamed Ben Amor, directeur du laboratoire des traitements des eaux naturelles a déclaré que le laboratoire a trouvé de nouvelles méthodes qui permettent d’éviter le phénomène d’entartrage qui peut provoquer le bouchage des conduites et par conséquent permettre une réduction du flux de l’eau et une réduction des frais de renouvellement des conduites d’énergie. Ses travaux ont remporté la satisfaction des partenaires du centre : la SONEDE et la Direction Génie rural.
Il est à noter qu’une expérience a été faite par le centre au foyer universitaire d’El Menzah 1 afin de rationaliser la consommation de l’eau et d’exploiter l’eau de pluie. Dans une première étape, l’eau de pluie est collectée, chauffée pour être utilisée dans les douches puis dans une deuxième étape, elle est traitée et utilisée pour les chasses d’eau et dans une troisième étape, l’eau provenant des chasses d’eau est traitée à son tour pour arroser le jardin du foyer.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chiheb Bouden, quant à lui, a indiqué que les centres de recherche sont appelés à valoriser leur travail afin de trouver des solutions à l’intention des entreprises industrielles. Dans le même contexte, il a indiqué que la recherche sur l’eau ne date pas d’hier.