*Pour cette organisation terroriste, avoir un pied-à-terre en Tunisie est d’une haute importance symbolique et stratégique. Mais son rêve s’est transformé en cauchemar et la ville qui devait servir de premier pas vers l’instauration d’un « émirat» daéchien, a servi plutôt de cimetière pour ses « soldats ».
On savait que l’attaque terroriste contre la Tunisie était imminente et la majorité des Tunisiens, il faut bien le dire, nourrissait des appréhensions et des inquiétudes plutôt que l’assurance et la sérénité quant à l’issue de la bataille à venir. Et puis le jour J tant redouté arriva et les terroristes qui aiguisaient déjà leurs couteaux pour décapiter quiconque s’opposerait à la « Loi de Dieu », ont commencé à tomber comme des mouches sous les balles des forces armées, soutenues par la population.
Pour une bonne surprise, c’en est une! Nonobstant le nombre de martyrs qui ont payé de leur vie la préservation de l’intégrité, de l’indépendance et de l’honneur de la Tunisie. Après sa déroute à Ben Guerdane et le massacre de ses « soldats » envoyés en mission colonisatrice en Tunisie, Daech est certainement en train de ruminer sa plus grande frustration depuis sa création.
Tout d’abord, les événements de Ben Guerdane ont permis aux « stratèges » daéchiens de mesurer le degré de mépris que témoigne le peuple tunisien pour leur organisation terroriste. La frange de la population tunisienne sur laquelle ils comptaient pour accueillir « les soldats du Califat » à bras ouverts, les a accueillis à coups de pierres et a servi de guide précieux pour les forces armées dans leur mission de nettoyage de la ville des impuretés daéchiennes.
Ensuite, plus frustrant encore pour cette organisation terroriste, sa déroute en Tunisie n’équivaut à aucune des déroutes qu’elle a subies et qu’elle continue de subir en Irak, en Syrie ou en Libye, pour une raison très simple : la Tunisie symbolise tout ce que Daech abhorre, la démocratie, l’ouverture sur le monde, la modernité, le pluralisme, la tolérance, sans oublier bien sûr la liberté de conscience qui les enrage plus que toute autre forme de liberté.
Pour Daech donc, avoir un pied-à -terre en Tunisie est d’une haute importance symbolique et stratégique. Mais son rêve s’est transformé en cauchemar et la ville qui devait servir de premier pas vers l’instauration du « Califat» a servi plutôt de cimetière pour ses terroristes. La bravoure avec laquelle nos soldats ont combattu les terroristes et l’hostilité manifestée par la population à leur égard constituent sans doute une leçon que Daech n’oubliera pas de sitôt.
Dès lors, la question qui se pose est la suivante: cette organisation terroriste prendra-t-elle encore le risque de tenter une autre fois de se frotter à la Tunisie? Difficile de répondre par l’affirmative pour plusieurs raisons: le massacre d’une cinquantaine de ses « soldats » et les précieuses arrestations de dizaines d’autres constituent sans doute un coup dur pour le moral de l’organisation et de ses membres. Les caches d’armes patiemment accumulées pendant des années et qui devaient servir à la colonisation de Ben Guerdane ont été découvertes et il est difficile de les remplacer; tout le monde a pu voir, et les terroristes plus que d’autres, la remarquable symbiose entre les forces armées et le peuple mise en évidence lors des derniers événements. Plus important encore, l’organisation terroriste est en train de collectionner les revers en Irak, en Syrie et en Libye et l’environnement international et populaire dans lequel elle évolue lui est de plus en plus hostile. Last but not least, les puissances internationales et régionales, à l’exception de deux ou trois pays qui se reconnaissent, sont déterminées à en finir avec cette anomalie nommée Daech qui a fait trop de dégâts et qui n’a que trop duré. Pour toutes ces raisons, il semble hautement improbable que l’organisation terroriste s’aventure encore une fois sur le territoire tunisien avec l’intention de créer « un émirat » daéchien.
Cela dit, il ne faut pas aller trop vite en besogne et se dire que le terrorisme est terrassé et que la Tunisie est désormais tranquille. Hélas, ce rêve est encore loin et les terroristes, la mort dans l’âme après leur déroute à Ben Guerdane, tenteront de se venger non seulement contre « le taghout », mais aussi contre « le peuple impie » de Tunisie qui refuse obstinément de suivre la voie tracée par le « Calife » Abou Bakr al Baghadadi.
Les actes de vengeance pourraient être perpétrés par des « loups solitaires » qui s’en prendraient aux citoyens dans les espaces publics. Mais ce danger peut très bien être jugulé par une intensification du travail des services de renseignements d’une part, et par la vigilance des citoyens d’autre part. Ceux-ci, en rapportant aux autorités appropriées tout mouvement suspect, se protègent eux-mêmes et aident leur pays à éradiquer l’hydre terroriste.
Mais les Tunisiens ont une autre raison d’être vigilants: les commerçants des droits de l’Homme qui, actuellement et compte tenu des circonstances, font profil bas, attendent impatiemment le moment de revenir sur la scène et transformer les terroristes détenus en victimes ayant été forcées par les méchants bourreaux de faire des aveux sous la torture. Suivez mon regard…