Parler d’égalité homme-femme, mais aussi parler des violences faites aux femmes, c’est le combat de toutes les représentantes des associations féminines, de la société féminine, entre autres. Comment se faire entendre et quelles sont les actions qui seront menées en commun ?
C’est en partie le débat organisé aujourd’hui par la Ligue Tunisienne des droits de l’Homme en collaboration avec la fondation Friederich Elbert, à Tunis. C’est chose faite, un projet de loi contre les violences faites aux femmes voit le jour. Or la question que tout le monde se pose : quand cette loi sera-t-elle adoptée?
Monia Ben Jemia, présidente de l’ATFD, a indiqué qu’une campagne est déjà engagée pour l’adoption d’une loi intégrale de lutte contre les violences à l’égard des femmes, mais aussi à l’égard des enfants. Elle précise: “ Ce que nous demandons, c’est d’accélérer le processus d’adoption de la loi selon l’article 46 de la Constitution, qui annonce clairement que l’Etat prend les mesures nécessaires pour lutter contre les violences faites aux femmes”.
De son côté, Leila Rebaï, directrice de bureau Tunisie Euro-méditerranéen des droits de l’Homme, a fait remarquer que sur le plan législatif, il reste beaucoup à faire, même si le code du statut personnel est un bel exemple, unique en son genre. Mais selon elle, c’est un texte qui va avoir soixante ans, et il n’est plus avant-gardiste, mais en même temps il faut avoir des textes dignes d’une Tunisie de 2016.
Elle poursuit: “Le code du statut personnel est victime parfois d’un enjeu politico-politicien bien que selon l’article 46 de la Constitution, l’égalité homme-femme figure bien dans ce texte de loi. Or sur le plan juridique, rien n’a été encore fait pour endiguer les violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, morales ou économiques. Cela dit, encore une fois on n’a pas encore reçu ce texte, mais à mon avis, il sera un texte qui éliminera toute forme de discrimination entre homme et femme”.
Lors du débat, ce ne sont pas uniquement les femmes qui luttent pour l’égalité des droits qui étaient présentes, la présence masculine a été remarquée, comme la participation de Abdessetar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des Droits de l’homme (LTDH). Il déclare pour sa part: “S’il n’y avait pas la femme, l’homme ne serait pas venu au monde. Vous savez, l’homme contribue aussi à sa manière pour que la femme obtienne tous ses droits”.
De son côté, Fathi Hammami, membre du comité directeur à la LTDH, chargé des droits économiques et sociaux, a insisté sur le fait qu’une femme battue, cela signifie qu’on abuse de ses droits. Il ajoute que sur le plan juridique, il y a un manque flagrant parce que dans la législation actuelle, il n’y a pas une définition claire qui incrimine la violence.
Il conclut: “Mon message, s’adresse aux législateurs pour leur dire qu’ il faut garantir l’égalité totale entre l’homme et la femme”.
Un sujet qui fera sans doute l’objet de discussions prochainement à l’ARP, en attendant qu’une loi intégrale contre la violence faite aux femmes voie le jour.