« Demain sera un jour meilleur », telle est la campagne de sensibilisation lancée par le ministère des Affaires religieuses dont le coup d’envoi sera donné le 20 mars 2016 et qui durera jusqu’au 20 mars 2017. C’est l’annonce faite aujourd’hui, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Tunis.
L’objectif de cette campagne est de lutter contre le terrorisme, mais aussi contre la radicalisation, a affirmé Mohamed Khelil, ministre des Affaires religieuses.
Selon lui, ce phénomène qui est nouveau en Tunisie, est un danger qui menace la population. Il déclare: “Cette campagne a pour but de sensibiliser en particulier les jeunes, qui sont les premiers concernés, parce que la Tunisie compte le plus grand nombre de jeunes terroristes partis dans les zones de tensions. C’est pour cela que nous voulons enraciner dans notre population la culture de la vie, et non celle de la mort. Vous savez, le terrorisme n’a pas qu’un seul visage, il en possède plusieurs”.
Abordant la question du nombre de mosquées hors de contrôle, il a répondu : “Nous avons un seul lieu de culte qui se trouve hors de contrôle, pour lequel nous avons mis en place une stratégie pour sa récupération. Cependant d’autres lieux de culte sont partiellement hors de contrôle”.
Difficile de parler de religion, mais c’est le moment de s’interroger sur les liens entre le terrorisme et la religion. Quelles sont les solutions pour faire face à cette menace? Comment l’endiguer? Pour Cheikh Mohamed Kamel Saada, Imam Khatib à la mosquée de la Zitouna, la solution réside dans le dialogue avec les jeunes, en poursuivant: “ Si le jeune d’aujourd’hui sait comment réfléchir aux impacts du terrorisme et sur les conséquences, à ce moment-là, il connaîtra la réalité de ce qui se passe autour de lui”.
Il ajoute: “ Il faut qu’il y ait une éducation des jeunes à tous les niveaux, à partir de la famille. Vous savez, il y a un exemple connu en arabe qui dit “ la mère est une école, si elle est bien éduquée, vous aurez contribué à la réussite de tout un peuple lettré.”Il s’agit d’une responsabilité de tout le monde : des parents, des enseignants, etc. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous travaillions sur un programme à plusieurs volets et ceci en collaboration avec les trois ministères de l’Education, de la Culture et de l’Enseignement supérieur”.
De son côté, Badri Mnwaer, expert en sciences islamiques, est revenu sur l’historique, en particulier sur ce qui s’est passé après le 14 janvier. Il déclare: “La première cause est l’arrivée de la pensée wahhabite qui s’est progressivement propagée depuis 2011 en Tunisie. Mais ce qu’il faut aussi se rappeler, ce n’est pas la première fois que les frères musulmans tentent d’introduire cette pensée chez nous. Ils ont tenté d’introduire leur idéologie dans les années 70, en particulier à la fin des années 70””.
Il ajoute: “ A travers leur idéologie, les frères musulmans ont voulu pervertir la religion, comme par exemple de la femme qui ne peut être musulmane que si elle porte le voile ou le Niqab. Souvenez-vous de ce qui s’est passé il y a trois ans de cela, ils ont même essayé de boycotter le Mouled, à un moment donné. Voilà qu’aujourd’hui, ces mêmes personnes ont maquillé leur discours par un discours modéré, mais il ne faut pas se fier aux apparences”.
Il conclut : “Pour faire face à la menace, nous devons continuer à mener la guerre contre le terrorisme, et contre la radicalisation, surtout contre la pensée wahhabite, qui est un vrai danger”.
Pour faire barrage au danger terroriste, une seule issue : lutter ensemble.