« Une bouche saine. Un corps sain ». Sous ce slogan, le Syndicat tunisien des médecins-dentistes de libre pratique (STMDLP) fêtera la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, le 20 mars.
L’action sera organisée en partenariat avec l’Association tunisienne d’odontologie pédiatrique ATOP, la Tunisia Association Dental Research, l’Association tunisienne pour la prévention bucco-dentaire TAOP, l’Association dentaire de Tunisie et l’Union Africaine pour la santé bucco-dentaire.
Khaled Tanazefti, président du syndicat, a indiqué que la manifestation qui se tiendra à Monastir, Sfax, Gabès, Jerba, Béjà aura pour objectif de sensibiliser le public à l’importance de l’hygiène bucco-dentaire. Toute la population est concernée par le sujet,prévient-il. Par le biais de tentes d’information, de projections vidéo et de conseils pratiques. Des recommandations pour prendre soin de l’hygiène bucco-dentaire seront proposées au public. L’équipe impliquée comprendra des dentistes bénévoles, d’après le président du syndicat.
En ce qui concerne le calendrier de l’événement, il se tiendra le 20 mars à Tunis, Sfax, Monastir et Jerba et le 26 mars pour les autres gouvernorats.
La bouche révélatrice de la situation du reste du corps
La bouche et les dents sont révélatrices d’un certain nombre de maladies. Imen Gharbi, professeur en médecine dentaire, présidente de l’Association tunisienne d’odontologie pédiatrique, a indiqué qu’une étude a dévoilé que 40% des personnes ayant une affection gingivale ont souvent une autre maladie cachée, chronique. Citant des exemples, elle a indiqué que les infections buccales peuvent être associées à un risque accru de pneumonie et que les substances inflammatoire libérées sont révélatrices d’une affection bien plus grave comme celle d’une inflammation du cerveau et, partant, de la maladie d’Alzheimer. Ainsi la relation entre la situation bucco-dentaire et certaines maladies semble être confirmée.
Mais est-il nécessaire de sensibiliser ?
Si on se réfère aux statistiques mondiales ou aux statistiques en Tunisie, il est bel et bien clair qu’un travail de sensibilisation s’impose encore. Imen Gharbi, lors de son intervention, s’est référée à deux études : d’après l’OMS de 60 à 90% des enfants scolarisés dans le monde et près de 100% des adultes ont des caries, 15 à 20% des adultes d’âge moyen entre 35-44 ont des pathologies touchant les gencives, pouvant entraîner la perte des dents et 0ù des personnes de 65 à 74 ans ont rarement des dents naturelles. Sur un autre volet, chez 15 à 20% d’adultes d’âge moyen entre 35-44 ans on relève des parodontopathies sévères. Et ce n’est pas uniquement ça. Sur 100.000 habitants 10 cas de cancer buccal sont repérés.
Pour le cas de la Tunisie, la praticienne a indiqué qu’une étude qui date de 2005, réalisée par la direction de la médecine scolaire et universitaire et l’OMS et dont le syndicat a pu obtenir une copie, affirme que 83% des élèves possèdent des brosses à dents mais 38% ont des problèmes parodontaux, des caries dentaires chez 56% des enfants âgés de 6 ans, 50% chez les enfants de 12 ans, 56% chez les enfants de 15 ans et ajouté à tout cela que 40,7% présentent une malocclusion tous âges confondus.
Et qu’en est-il de la portée économique du traitement ?
Khaled Tanazefti a reconnu que les coûts du traitement des maladie dentaires demeurent cher en Tunisie. Raison pour laquelle, il a indiqué, que la prévention demeure la meilleure solution pour réduire les coûts. Par ailleurs, notre interlocutrice a lié les maladies dentaires avec la productivité au travail étant donné que les douleurs obligent parfois les fonctionnaires à s’absenter, ce qui engendre des pertes pour l’économie nationale. Dans le même contexte, il a regretté que la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) ne rembourse que 50% des frais de soins dentaires contrairement aux autres disciplines. Et de regretter que les médecins et les dentistes ne soient pas représentés dans le Conseil d’administration de la CNAM.