Cela fait quelques semaines que Mohsen Marzouk, coordinateur du nouveau mouvement politique El Machrou3 (le Projet), annonce pour le 20 mars, fête de l’Indépendance, la naissance du nouveau parti. Ils sont au total 26 députés à avoir rejoint le nouveau mouvement.
C’est en ce dimanche 20 mars, à 11 heures, 60 ème anniversaire de l’Indépendance, que les députés du bloc parlementaire El Horra ( les anciens démissionnaires de Nidaa tounes), ainsi que leur coordinateur général Mohsen Marzouk, ont annoncé le lancement du nouveau mouvement. C’est lors d’un meeting populaire qui a vu la présence d’un grand nombre de sympathisants, d’adhérents venus des quatre coins du pays assister à la naissance de ce nouveau parti.
Devant une foule immense, Mohsen Marzouk a déclaré que ce mouvement aura une identité moderniste tunisienne : “ Compte tenu de sa spécificité, il sera démocratique de l’intérieur, contrairement à Nidaa Tounes qui reste, selon lui, peu moderniste”.
Abordant la question de la différence entre Nidaa tounes et le mouvement El Machrou3, Marzouk a déclaré que “le problème qui se posait n’était pas un problème autour d’un projet, mais de dynamique démocratique qui était limitée dans Nidaa tounes”, dit-il.
Il poursuit: « Notre programme est à la fois innovant et démocratique. A titre d’exemple, nous avons opté pour un cumul de deux mandats pour les dirigeants, ce qui est tout de même une innovation dans le paysage politique ».
Il continue : “ Aucune nomination des dirigeants ne sera faite sans élections. Et d’autre part, nous allons renverser l’échelle pyramidale. C’est à dire que le pouvoir central assurera seulement la coordination entre les régions lesquelles auront toute latitude de gérer comme ils l’entendent les problèmes qui les concernent de près, notamment le développement régional ».
Les priorités du nouveau parti : la lutte contre le terrorisme, la corruption, l’action pour les grandes réformes, la consolidation du processus démocratique et la réconciliation nationale, sont autant de thèmes abordés lors du meeting et sur lesquels les membres du mouvement Machrou3 comptent travailler.
Sur un autre sujet, concernant une éventuelle alliance avec Ennahdha, Mohsen Marzouk a répondu: » Ils sont à l’ARP certes, mais nous sommes en concurrence. Vous savez, en politique, la fusion n’existe pas entre deux partis. Nous avons beaucoup de différences avec Ennahdha : en ce qui nous concerne, la religion et la politique ne font pas bon ménage. A preuve, ils ont créé les conditions propices à la radicalisation. Cependant, on aimerait bien entendre quelle est leur position à ce sujet. On attend de voir leur prochain congrès pour nous éclairer ».
Sur un autre sujet récent relatif au projet de loi sur l’interdiction du port du niqab dans les lieux publics, déposé le 18 mars à l’ARP par le président du bloc el Horra, Aberaouf Chérif, il a indiqué que le pays a déclaré la guerre au terrorisme, en ajoutant : “On le constate sur le terrain, l’armée et les sécuritaires sont en train de mener une vraie guerre. Et il est temps de mettre un terme au fait de permettre à ces terroristes d’utiliser des camouflages qui peuvent leur permettre de porter des armes et des ceintures d’explosifs”.
Il continue: “ Ce que nous avons vécu comme attentats terroristes que ce soit au Bardo, à Sousse, à Mohamed V, et à Ben Guerdane confirment que ces terroristes sont en train de se fondre dans la foule, en s’habillant ainsi. Il y a vraiment urgence d’agir. Finalement, quel est notre rôle, c’est de garantir la sécurité à tous les Tunisiens. Et c’est en vertu de ce principe que nous avons présenté ce projet de loi le 18 mars”.
Il ajoute : “La guerre contre le terrorisme ne va pas se terminer en un an. Elle peut prendre deux, trois ans. C’est pour cela que je dis qu’il faut se préparer sur tous les plans, notamment sur le plan juridique. La Tunisie est abandonnée à son sort dans la lutte contre le terrorisme. Or tout le monde est concerné, il faut que la Tunisie soit soutenue dans cette guerre, sur les plans politique, de l’information et économique, parce que les obstacles que vit le pays sont sociaux et économiques”.
Le programme du nouveau parti
Tout un programme de propositions qui sera mis en place, a fait savoir M. Chérif, en soulignant qu’à partir de la semaine prochaine, un autre projet de loi relatif à la lutte contre le chômage des jeunes sera présenté à l’ARP.
Il conclut: “ Il y a aussi une autre proposition en rapport avec l’état d’urgence, qui devrait être revu car la loi remonte à 1978. Nous ne sommes pas une majorité au niveau du Parlement, mais nous sommes une minorité qui pousse la majorité à bâtir cette démocratie naissante”.