L’abandon scolaire a encore de beaux jours devant lui. Chiffres à l’appui : Le ministère de l’Education a annoncé qu’entre 1981 et 2015, l’abandon scolaire a touché 4 325 127 élèves en Tunisie. Et rien que pour l’année 2015, 106000 élèves ont quitté les bancs de l’école sans obtenir un diplôme.
En 2014, un rapport élaboré par le Forum des droits économiques et sociaux avait avancé le chiffre de 100 mille élèves qui ont abandonné leur scolarité en 2013. Et ce chiffre n’est pas près de baisser.
Lors d’une journée d’études sur le thème « Lutte contre l’échec et le décrochage scolaire : choix et solutions », le sujet a été analysé sous différentes angles. Mais quel est le profil des élèves qui abandonnent leurs études ? Généralement, leurs profils se ressemblent, ils éprouvent de la haine et tiennent la société et le pouvoir en place pour responsables de leurs problèmes.
D’après Adel Haddad, directeur des programmes au ministère de l’Education, l’abandon précoce des études conduit inéluctablement à l’oisiveté, au repli sur soi, à l’isolement, à la frustration, au désespoir, à la révolte contre la société et forcément à la délinquance. Pis encore : ils deviennent une proie facile et le terreau dans lequel puisent toutes sortes de trafiquants, à partir des dealers en passant par les filières de l’immigration clandestine et jusqu’à celles de la radicalisation.
Au-delà des répercussions psychologiques et éducatives, l’abandon scolaire coûte à l’Etat des pertes considérables. Bouzid Nsiri, directeur des études et de la planification au ministère de l’Education, estime que généralement les jeunes âgés de 15 à 19 ans qui ont abandonné leur scolarité, sont analphabètes et ne possèdent aucune compétence ou aptitude leur permettant d’intégrer le marché du travail. S’ajoute à cela que les pertes économiques atteignent 1159 MD soit 28,8% du budget du ministère de l’Education. D’après le même intervenant, les trois gouvernorats qui connaissent le plus fort taux d’analphabétisme sont : Kairouan 8.8%, Sfax 7.7% et Kasserine 6.7%. Il a quand même annoncé une bonne nouvelle : 12.700 élèves ont réintégré les bancs de l’école dans le cadre des programmes mis en place par le ministère.