Le soixantième anniversaire de l’indépendance a été l’occasion d’un retour à l’histoire nationale.
La Tunisie a fêté cet anniversaire, célébré cette victoire contre le colonialisme et rappelé le rôle du grand leader Habib Bourguiba. Le 20 mars 2016 a été une journée d’information continue, sur les conditions de recouvrement de la souveraineté tunisienne, confortée par la promotion des acquis, qui ont été menacés.
Retour aux normes, on occulta « l’historiographie de la dissidence ». Certains opposants révisèrent leurs points de vue. On affirma que Monastir était honorée, puisqu’elle avait été « la ville natale de Habib Bourguiba ».
Des articles de presse s’attardèrent sur des événements très complexes, qu’ils ont tenté de cerner. Traduisant des mémoires, des rumeurs et des états d’âme, ils ont exprimé des conclusions, parfois hâtives. Or, la bonne volonté ne suffit pas pour expliciter des ambiguïtés, faire valoir les raisons, ou tout simplement analyser les causes et les conséquences.
D’ailleurs « le savoir historique », qui fait valoir ses exigences scientifiques, nécessite une étude comparée des sources, une appréciation des « mémoires », une lecture des archives et une réflexion rationnelle.
Fait important, le 20 mars 1956 a été bel et bien la date de l’indépendance tunisienne. Rappelons que, dans le cadre du protocole, la France reconnaît solennellement l’indépendance de la Tunisie. Il en découle :
- que le Traité conclu entre la France et la Tunisie, le 12 mai 1881, ne peut plus régir les rapports franco-tunisiens;
- que les dispositions des Conventions du 3 juin 1955 qui seraient en contradiction avec le nouveau statut de la Tunisie, Etat indépendant et souverain, seront modifiées ou abrogées.
Il en découle également :
- l’exercice par la Tunisie de ses responsabilités en matière d’affaires extérieures, de sécurité et de défense, ainsi que la constitution d’une armée nationale tunisienne.
Le protocole qui met fin aux structures de dépendance, couronne la résistance puis la lutte nationale décisive, engagée par Habib Bourguiba et ses compagnons, du Néo-Destour, de l’UGTT et de l’Union patronale. Bourguiba a forcé les débats de l’autonomie interne et fait valoir l’exigence de l’indépendance. Prenons la juste mesure de la stratégie des étapes du leader.
Engageant la bataille de l’évacuation, le Néo-Destour a été à l’avant-garde des pays indépendants. Fait important, la vision de Habib Bourguiba de l’indépendance signifie l’émancipation, la libération de la femme, la scolarisation, les programmes de santé, construisant un pays moderne.
Notons, d’autre part, que des événements importants, tels le passage du collectivisme au libéralisme, les relations avec la Jamahiriya et l’unité d’un jour avec ce pays voisin, ont été présentés comme des énoncés d’évidence.
D’autre part, le divorce de Bourguiba, le renvoi d’Allala Laouiti, son secrétaire particulier et l’éloignement de son fils s’inscrivent plutôt dans la préparation du coup d’Etat du 7 novembre 1987. Habib Bourguiba se trouvait ainsi à la merci de ses partisans-adversaires.
Mais l’ouverture de ces dossiers nécessite de sérieuses recherches historiques.