On ne la trouve guère sympathique. Avec elle, on s’ennuie, et en plus, elle ne fait rien pour être la plus belle pour aller danser.
Lorsqu’elle parle, on dirait qu’elle râle, elle n’a presque plus de voix. Elle a les cheveux blancs, les yeux fatigués, et son regard est absent. Toutes les rides de son visage disent qu’elle a dû faire toutes les guerres et qu’elle a souffert.
Elle n’a plus vingt ans depuis longtemps, et pourtant, elle aurait bien voulu être une artiste pour pouvoir faire son numéro. On l’appelle Ligue arabe ou Ligue des Etats arabes, elle-même ne sait plus vraiment.
On dit qu’elle est née un certain 22 mars de l’année 1945 au Caire, au pays des pharaons où elle n’a pas été très heureuse. Elle vit dans un appartement de fonctions dans lequel elle ne s’est jamais sentie à l’aise.
A Tunis, où elle a vécu de longues années, elle était bien et c’était extra. Quand elle se souvient de ces jours anciens, elle pleure. Elle va bientôt avoir soixante et onze ans, et on dirait qu’elle se lève le matin du mauvais pied. Quand on la voit, on est mal à l’aise.
On aimerait bien être ses amis, mais elle ne sait pas ce que c’est d’avoir des amis, et en plus, elle ne veut pas être dérangée et ne fait pas beaucoup d’efforts pour qu’on l’aime. On lui trouve plein de défauts, et quand elle se trompe, ce qu’elle fait la plupart du temps, elle ne s’excuse pas et ne demande jamais pardon. Ceux qui ne la trouvent pas jolie, disent qu’elle a fait son temps.
Alors, on lui fait des infidélités, et cela la chagrine. Elle est vexée quand on lui dit qu’elle est devenue un machin inutile. Les trahisons, les compromissions, elle connait. Elle ne veut pas se regarder dans un miroir, de peur de voir son image.
Qu’importe qu’elle soit ni ange ni démon, qu’importe qu’elle soit devenue l’objet de tous les ressentiments, qu’importe ce que l’on pense d’elle. C’est comme si elle voulait dire : regardez-moi, je ne vieillis pas, mais je me patine. Tout va bien, madame la Marquise ; bon anniversaire et longue vie à vous.
On vous aime telle que vous êtes, rassurez-vous !