Un Dialogue national, pour quoi faire ? Le Dialogue national sur l’emploi aura lieu le 29 mars. La cérémonie se tiendra en présence du Chef du gouvernement, Habib Essid, du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et d’autres personnalités. Mais il semble que tout le monde ne soit pas d’accord sur son efficacité…
En date du 22 mars, les rapporteurs ont validé les travaux des neuf commissions qui ont travaillé afin de préparer un diagnostic commun aux problèmes du chômage en Tunisie. Les neuf commissions ont travaillé du 15 janvier au 22 mars, date de la validation des rapports.
Pourtant l’idée d’un dialogue national sur l’emploi ne date pas d’hier en Tunisie. L’histoire récente du pays garde encore en mémoire la consultation nationale sur l’emploi de 2008, du colloque de l’investissement et de l’emploi en 2003 et du Congrès national sur l’emploi de 2012. Ainsi, une question légitime nous interpelle: quelle sera la valeur ajoutée d’un nouveau dialogue national sur l’emploi par rapport aux événements similaires précédents?
Dialogue: formule magique ?!
Dialogue, concertation, union nationale et consensus. Il semble que depuis l’avènement de la nouvelle classe politique, suite aux élections du 23 octobre 2011, ce lexique fait partie des expressions favorites de la classe politique tunisienne. Peu importe l’intensité des problèmes, peu importe les clignotants qui sont souvent au rouge et peu importe les chiffres à la baisse: « La Tunisie s’en sortira indemne grâce au dialogue ».
Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Zied Ladhari, a eu recours au même lexique, croyant ainsi résoudre le problème du chômage. Mais Zied Ladhari semble oublier les grévistes et les mouvements sociaux aux quatre coins de la République. Pire encore quelques sit-inneurs campent depuis plus de deux mois devant son ministère.
Mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît
Pour l’économiste Mohamed Haddar, l’emploi est un problème qui ne se résout pas séparément, étant donné qu’il fait partie d’autres problèmes plus complexes: « Nos problèmes sont nombreux et il faut que tous les acteurs et tous les décideurs se réunissent autour de la même table pour se mettre d’accord sur un seul choix. L’emploi ne se décrète pas!», insiste-t-il. Par ailleurs, il a indiqué que pour passer à l’action deux possibilités existent: « Inclure les jeunes, soit en leur facilitant l’accès au marché de l’emploi, soit en les assistant lors de la création de leurs propres entreprises. »
UDC : nous n’attendons rien de ce dialogue
Virulent et critique à l’égard de ce dialogue, Cherif Khraifi, l’un des fondateurs de l’Union des diplômés chômeurs ( UDC ), n’attend pas beaucoup de ce Dialogue national sur l’emploi. Pour lui, il ne s’agit pas de la première action similaire et cela n’apporte rien de nouveau, étant donné qu’en 2003, 2008 et 2012, des événements pareils ont vu le jour. « Si les congrès précédents avaient réussi, nous n’aurions pas eu besoin d’un nouveau dialogue national », regrette-t-il.
« Toute démarche qui ne prend pas en considération la révision du modèle de développement qui a engendré un taux considérable de chômeurs est vouée à l’échec », affirme-t-il. Pour lui, tous les ministres de l’Emploi et de la Formation professionnelle qui se sont succédé après le 14 janvier ont opté pour des solutions qui calment et non pour des solutions efficaces. « Comment faire confiance au ministère dit de l’Emploi, alors que l’emploi ne fait pas partie de ses missions », s’étonne-t-il.
UTAP : l’agriculture comme moyen pour lutter contre le chômage
L’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche ( UTAP ) a déclaré qu’elle a été écartée du dialogue national sur l’emploi. Adel Messaoudi, vice-président de l’organisation, déclare que le Dialogue national qui se déroule actuellement ne peut répondre aux attentes et aux aspirations des Tunisiens, notamment les jeunes. « Nous ne pouvons pas parler de lutte contre le chômage dans les régions de l’intérieur, sans que l’agriculture fasse partie des solutions », affirme-t-il.