« Le capital investissement: moteur du développement économique et social, et levier d’internationalisation des entreprises », tel est le thème de la deuxième conférence annuelle du Capital Investissement, organisée aujourd’hui à Tunis, par l’Association tunisienne des investisseurs en capital ( ATIC ).
Ayant pour objectif de sensibiliser les différents acteurs de l’écosystème tunisien au rôle joué par le capital investissement, de le promouvoir en tant que levier de création de nouvelles entreprises, de croissance et de création d’emplois dans les régions, cette rencontre a été présidée par Karim Ghenim, président de l’ATIC, Zied Ladhari, ministre de la Formation professionnelle et de l’emploi, Tarek Cherif, président de la CONECT, ainsi que des dirigeants d’institutions financières nationales et internationales, des experts internationaux, des chefs d’entreprises et des investisseurs en capital tunisiens et étrangers…
En marge du premier panel intitulé « Le capital investissement: facteur de développement économique, d’impact social et de création de valeur », M. Ghenim a annoncé que malgré les difficultés du contexte économique et du climat des affaires et de l’investissement, l’activité du capital investissement continue à jouer pleinement son rôle dans le financement des entreprises et des start-up, le développement économique des régions et la création de nouveaux postes d’emploi.
Constituant une source de capitaux stables à valeur ajoutée qui répond aussi bien aux besoins en fonds propres des start-up et PME tunisiennes, qu’à l’amélioration de la gouvernance et de la transparence, cette activité a affiché des résultats réalisés par les investisseurs en capital de l’ordre de 207 millions de dinars en 2015, dont 42,4% investis dans les régions de l’Ariana, Ben Arous, Bizerte, Manouba et Tunis.
Ce montant a été alloué au financement de 189 entreprises, avec une moyenne de 1 094 mille dinars par projet, générant 10 mille postes d’emplois.
Une année auparavant, les investissements réalisés ont été de l’ordre de 223 millions de dinars, pour le financement de 171 entreprises. Ainsi, l’encours des fonds sous gestion a été estimé à 827 millions de dinars en 2014.
Pour l’année 2016, le président de l’ATIC a indiqué qu’entre 250 et 300 millions de dinars d’investissement en capital sont prévus, représentant 0,3% du PIB.
En dépit de ces indicateurs en croissance et en comparaison avec les pays émergents, la Tunisie fait face, selon le responsable, à plusieurs défis, à savoir : la mise en place d’une législation simple encourageant l’investisseur et prenant en considération ses besoins, le recours aux investissements de l’Etat pour mitiger les risques pour les investisseurs, notamment dans la recherche et la maitrise des coûts, l’augmentation de la visibilité à long terme…
De son côté, le ministre a fait savoir que le problème du chômage nécessite une approche économique de manière à favoriser l’investissement, générateur de croissance et d’emplois.
A cet égard, le gouvernement a engagé des réformes approfondies, notamment, celle du secteur bancaire et financier, principal facteur de relance des investissements.
A côté du rôle des banques, le capital investissement joue, selon M. Ladhari, un rôle important dans le financement des PME- permettant de compléter la démarche de financement bancaire- ainsi que dans l’assistance technique et le conseil, afin de développer les entreprises et garantir leur compétitivité.
Néanmoins, le capital investissement fait face à des défis, tels que les chantiers et les réformes économiques très urgentes. Dans ce sens, le responsable a appelé les opérateurs en capital investissement à jouer leur rôle important pour appuyer les pouvoirs publics, de manière à réussir la transition économique, transformer les difficultés en potentiel énorme, particulièrement dans les régions, et libérer la création d’emplois.
La création des banques de développement s’impose
Dans le même sillage, Tarek Chérif a fait savoir que le problème majeur des entreprises aujourd’hui réside dans le financement. Ce qui exige, selon ses propos, d’opter pour des banques de développement, comme c’est le cas en France.
Il n’a pas manqué de rappeler le rôle important des banques tunisiennes, notamment commerciales, malgré le manque d’instruments de financement. Il faut, de ce fait, recapitaliser ces banques, y compris les banques privées.
Cette recapitalisation permettra, selon ses propos, de dégager des possibilités supplémentaires pour l’investissement dans les régions ainsi qu’à l’étranger. Il s’agit d’un effet de levier d’internationalisation qui demeure très utile.
De ce fait, l’Etat doit avoir des fonds de garanties qui permettent aux banques privées de ne pas perdre de l’argent afin de contrecarrer les difficultés de l’investissement et de la création d’emplois.
Au final, M. Cherif n’a pas manqué de noter qu’au niveau de la CONECT, l’accent a été mis pleinement sur le développement régional, prenant l’exemple du programme « THINITI », visant à créer 500 nouvelles PME-TPE et à générer 4500 postes d’emplois dans les différentes régions de l’intérieur, ainsi que de « Taysir Microfinance », première institution de microfinance agréée par le ministère des Finances favorisant l’inclusion financière, économique et sociale des petits acteurs économiques, en contribuant au développement régional et local.
Notre interlocuteur a déclaré que les jeunes veulent créer leurs propres entreprises, mais qu’il reste un blocage, celui de la garantie et du financement. Il a également constaté qu’il y a une forte demande d’investissement dans les régions, mais qu’il faut plus de fonds d’investissement et d’avantages au profit des régions.
A noter que le capital investissement est une activité financière qui consiste pour un investisseur professionnel à entrer dans le capital d’entreprises non cotées sur le marché boursier, ayant besoin de fonds propres. Le capital investissement offre à l’entrepreneur les moyens de ses ambitions, en mettant à sa disposition des capitaux, ainsi qu’un apport de compétences et d’expertises complémentaires, des modes de gestion et de gouvernance modernes et efficaces et un accompagnement stratégique. Le capital investissement soutient l’entreprise à tous les stades de son cycle de vie ; il peut financer le démarrage, la croissance, la transmission, le retournement d’une entreprise.
A la différence des autres modes de financement, l’investisseur en capital est un actionnaire à part entière dans l’entreprise dont il partage les risques et les profits futurs. Il finance les plans d’investissement et participe activement tant à la direction qu’au développement de l’entreprise, afin d’augmenter sa valeur à un horizon de trois à cinq ans.