Difficile de décider s’il faut en rire ou en pleurer, s’il faut répondre par un haussement d’épaules ou piquer une crise de nerfs et s’arracher les cheveux. Finalement, face à tant d’hypocrisie, face à tant de mensonges grotesques débités le plus naturellement du monde par l’hôte qatari de la Tunisie, la meilleure réaction est de se calmer, de lever les yeux au ciel et faire la prière classique: « Dieu préserve-nous de nos amis, nos ennemis on s’en charge ».
Dans ce cas de figure, nos « amis », ce sont les Qataris et nos ennemis, ce sont les terroristes, les premiers volant à notre secours pour nous aider à combattre les seconds…
Aussi bien dans la conférence de presse qu’il a tenue avec son homologue tunisien ou dans l’interview qu’il a accordée à la chaîne privée Nessma, le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed Ibn Jassem Al Thani, nous assurait que le Qatar veut tout le bien du monde au peuple tunisien et n’épargne aucun effort pour l’aider à terrasser l’hydre terroriste et à sortir son économie du désastre.
C’est vrai que dès la mi-janvier 2011, le Qatar s’est intéressé de très près à la Tunisie et a décidé d’aider, mais certainement pas le peuple tunisien. Il a décidé d’aider plutôt l’islam politique dont ils ont fait un véritable cheval de bataille pour déstabiliser le monde arabe. Nul n’ignore l’engagement massif politico-financier du Qatar en faveur de l’islam politique qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, principalement en Tunisie, en Egypte, en Syrie et en Libye.
Si la Tunisie et l’Egypte, chacune à sa manière, ont su s’épargner la déstabilisation à grande échelle, la Syrie et la Libye sont littéralement dévastées par le déchaînement de milices armées islamistes. Mais dans ces quatre pays, l’Irak étant un cas à part, le terrorisme le plus effroyable sévit à des degrés divers grâce entre autres à l’aide du Qatar. Car la véritable aide de ce pays va aux divers groupes armés islamistes et non aux peuples.
Tout porte à croire que ce petit émirat du Golfe s’est pleinement engagé dans le programme néoconservateur américain de « l’anarchie créatrice », en aidant les milices islamistes, principales forces de déstabilisation dans le monde arabe. Personne n’a entendu un jour un responsable qatari s’en prendre nommément aux organisations terroristes les plus violentes, Daech et Annosra. De leur côté, ces deux dernières, bien qu’elles soient capables, preuves à l’appui, de semer la pagaille au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe, n’ont jamais inquiété le Qatar.
Mais tout cela n’a pas empêché le ministre qatari des Affaires étrangères de pérorer ici à Tunis que « nous sommes venus apporter notre appui et notre aide à la Tunisie dans sa campagne contre le terrorisme ». C’est un fait que les peuples tunisien, égyptien, libyen et syrien sont en guerre contre le terrorisme. Mais cette guerre aurait été nettement plus facile et peut-être même aurait-elle été conclue rapidement par l’écrasement des terroristes sans l’aide massive et multiforme dont ont bénéficié ces derniers de la part du Qatar bien sûr, mais aussi du royaume wahhabite et de la Turquie islamiste.
Mais le Qatar ne se retrousse pas les manches seulement pour nous aider à combattre le terrorisme. Son amour pour la Tunisie va plus loin puisque, si l’on en croit Cheikh Mohammed Ibn Jassem, le riche émirat compte également nous aider à sortir du marasme économique qui ne cesse de s’aggraver d’année en année. Ce ne sont pas des paroles en l’air puisque le Qatar a déjà prouvé sa « générosité » en nous accordant son fameux crédit de 500 millions de dollars sur trois ans et avec un taux d’intérêt quasi-usurier. Voici le genre d’aide dont est capable le Qatar.
Disons les choses clairement. La Tunisie, de par son ouverture sur le monde et sur la culture occidentale, de par sa politique de promotion de la femme, a toujours été considérée par les frères du Golfe comme « un cas pathologique » qui dérange. Après la révolution, ce pays est devenu doublement dérangeant. Non seulement, il est ouvert sur la culture occidentale, mais maintenant il s’efforce de construire un modèle de démocratie occidentale !! Deux raisons fondamentales qui, en toute logique, empêchent les frères du Golfe d’aider concrètement et sincèrement la Tunisie.
Ceux qui ont encore la patience de voir les journaux télévisés d’Al Jazeera, ont pu constater l’indécente partialité et le clair parti-pris de cette chaîne qatarie lors de sa « couverture » des événements terroristes qui ont ensanglanté la Tunisie. On ne peut s’empêcher de penser que cette « couverture » biaisée et ce parti-pris en faveur de l’islam politique et du terrorisme reflètent le désir du propriétaire de cette chaîne, c’est-à-dire l’Etat du Qatar, de voir ce « cas pathologique » qu’est la Tunisie sombrer dans le chaos.
Disons les choses plus clairement encore. Trop d’indices, qui nous viennent du Golfe, trahissent le désir ardent des hiérarchies politico-religieuses dominantes de voir l’Etat moderne tunisien détruit. L’aide massive apportée dès 2011 à l’islam politique avec toutes ses variantes n’avait aucun autre but. L’Etat de l’indépendance construit par Bourguiba a résisté, à la grande frustration de nos frères du Golfe qui s’entêtent toujours à vouloir nous aider. Mais en toute franchise, nous avons beaucoup moins besoin de leur aide que de les voir s’occuper de leurs propres affaires.
Encore une fois, prions Dieu pour qu’il nous protège de nos amis. Quant à nos ennemis ils sont, chaque jour un peu plus, battus à plate couture de Ben Guerdane à Palmyre, en attendant de les voir écrasés à Deir Ezzour, Raqqa et Mossoul.
bravo Hmida tu as tout dit