Malgré sa faible incidence, la grippe porcine avec ces deux sous-types le H1N1 et le H3N2 a encore atteint cette année des populations vulnérables, causant des décès. Cependant, malgré ce contexte, il semble que les structures sanitaires publiques tunisiennes souffrent d’une carence en communication. L’épidémie sévit en effet chaque année, mais peu d’efforts en matière d’information sont déployés.
Aux dernières nouvelles, et depuis le début de l’année 2016, 16 Tunisiens ont perdu la vie après avoir contracté la grippe porcine, provoquée par le virus H1N1, et quatre autres sont décédés de la grippe A, due au virus H3N2. Des chiffres mentionnés par l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes ( ONMNE ), dans un rapport qui a été publié le 1er avril 2016.
La situation est loin d’être alarmante, car d’après les estimations de l’ONMNE, la propagation du virus serait en passe de diminuer durant le mois d’avril, jusqu’à sa disparition avec la fin de la saison de la grippe, qui s’achève à la fin du mois.
De plus, aucune recrudescence du nombre de cas n’a été notée cette année, par rapport à l’an dernier. Le bilan total des cas recensés étant, selon l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, de 26 cas de H1N1 et 26 cas de H3N2, en trois mois.
En revanche, ce qui semble inquiétant, c’est le manque d’accessibilité du grand public à l’information. Les médias traitent la question de manière ponctuelle, mais ne fournissent que des données disparates sur la maladie, plutôt qu’une information complète.
Depuis sa détection en juin 2009 à Tozeur, le virus H1N1 fait l’objet d’une étroite surveillance en Tunisie. Des études scientifiques sur l’évolution de l’épidémie, son impact sur les populations, sont réalisées annuellement. Il n’y a aucun doute que les efforts nécessaires, pour le recensement des cas touchés par la maladie, ainsi que la prise en charge des cas diagnostiqués, sont largement déployés.
Seulement, au-delà de l’aspect purement technique lié à l’étude de cette épidémie et du traitement médical, la « dimension publique » du problème semble être négligée. En effet, l’information relative à cette épidémie, bien qu’elle soit présente, ne semble pas visible, ni suffisamment diffusée pour être accessible.
Or, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, il est primordial de transmettre une information claire, car cela constitue un pilier essentiel pour la prévention. Il est en effet fondamental de faciliter la conception, la diffusion et l’utilisation de messages clés, au niveau des pays touchés par l’épidémie.
Par ailleurs, les recommandations de l’OMS en matière de communication à l’intention du public sont claires et facilement applicables. En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé suggère que les informations soient communiquées au public le plus rapidement possible pour faciliter la préparation et la réponse à la grippe A (H1N1).
De même que les informations doivent être adaptées aux circonstances économiques spécifiques et notamment à la culture et à la langue.
Enfin, il est primordial que les messages soient exacts et simples et doivent avoir fait l’objet d’essais au préalable pour en faciliter la compréhension et la pertinence.
A titre de comparaison, en France, des spots publicitaires télévisés qui apportent des informations pratiques, sont diffusés, afin que le public prenne conscience de l’importance de l’adoption de gestes préventifs, permettant de limiter la transmission du virus. Ces spots publicitaires, qui entrent dans le cadre d’une campagne de prévention à large échelle, ont également pour but d’inciter les Français à se faire vacciner. Compte tenu du fait de la grande contagiosité du virus et la gravité de ses conséquences chez certains individus à risques, ces campagnes visent de manière pertinente et simple le grand public, et mettent en valeur l’importance individuelle et collective de la vaccination.
L’épidémie de grippe H1N1 n’est qu’un exemple pour montrer qu’il est nécessaire d’entamer une démocratisation de l’information scientifique, en Tunisie.
Il est temps qu’un travail de vulgarisation soit réalisé, pour une meilleure sensibilisation du grand public et son implication dans les grandes questions de santé publique. C’est également le moment d’une prise de conscience sur le fait que l’information scientifique médicale ne prendra tout son sens que lorsqu’elle sera partagée et accessible à toutes les tranches de la société.