« Evaluation des politiques publiques: méthodes et résultats », tel est le thème de la deuxième édition du Tunisia Economic Forum organisée, aujourd’hui à Tunis, par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises ( IACE ).
En marge de cette rencontre, Ridha Saidi, ancien ministre chargé des dossiers économiques, nous a déclaré dans ce sens, que pendant la période de transition qui a duré plus de quatre ans, il y avait un problème de continuité des politiques publiques. Parce que pratiquement, il y avait un nouveau gouvernement chaque année.
Sur le plan économique et financier, il y a eu des politiques qui ont été adoptées par le gouvernement de 2011, qui ont été suivies par de nouvelles politiques en 2012.
Ces politiques ont été expansionnistes, notamment au niveau des finances publiques, parce qu’il y a eu une dégradation de différents indicateurs économiques. Et l’année 2011 a été une année de récession, avec une croissance négative de -1,9%.
A cet égard, M. Saidi a affirmé qu’il y avait l’obligation d’adopter de nouvelles politiques pour relancer l’économie et l’investissement, notamment public, car le moteur de l’investissement privé était quasiment en panne, le climat des affaires n’était pas net. La situation politique rencontrait des difficultés. Et la visibilité politique manquait de clarté.
Pour évaluer les politiques adoptées entre 2012 et 2014, le responsable a indiqué qu’afin de relancer l’économie et de booster l’investissement, il y avait des priorités sur le plan des politiques publiques et du budget de l’Etat; et ce, pour répondre aux attentes et aspirations de la population, soit au niveau de la création d’emplois et de la réalisation de projets publics dans les régions de l’intérieur, soit au niveau des transferts sociaux.
Il s’agissait de nouvelles politiques publiques qui s’adaptaient à ce contexte socio-politico-économique. Des politiques qui avaient des résultats positifs sur le plan économique, avec une croissance de près de 4,1% enregistrée en 2012, de 3,6% en 2013 et de 3, 5% en 2014.
Il y avait donc une nouvelle phase de relance de l’économie, mais elle était en dessous des attentes parce qu’il était attendu de réaliser un taux de croissance situé entre 4 et 6%. Néanmoins, les attaques terroristes ont impacté quelques secteurs importants, comme le tourisme, l’investissement…
De ce fait, l’ancien ministre a estimé qu’à partir de 2014, il y a eu un fléchissement de l’investissement, en tant que moteur de la croissance. Il y a eu également de nouveau une récession avec une croissance négative et l’année 2015 s’est clôturée sur une croissance nulle de 0,8%.
De même, les problèmes politiques, sécuritaires et la situation géostratégique ont eu un impact négatif sur le comportement de tout le pays et sur les résultats du gouvernement.
Dans cette situation délicate, l’Etat s’est trouvé face à une période où il a dû réaliser des réformes approfondies et structurelles des finances publiques, du budget de l’Etat, des entreprises publiques, du système fiscal, des caisses sociales, du code de l’investissement…
Cette matrice de réformes, qui a débuté en 2012/2013 et se poursuit actuellement, va, selon ses propos, contribuer à la démarche de transition économique en Tunisie.
« C’est vrai qu’il y a des réalisations, des acquis et des objectifs qu’on n’a pas réussi à atteindre, mais on est sur la bonne voie. On a déjà instauré une nouvelle démocratie et des instances politiques stables. Espérons que le débat socioéconomique entre les différents acteurs économiques, toutes les parties prenantes et le gouvernement, aboutira à un consensus sur les nouvelles orientations économiques », précise l’intéressé.
Ridha Saidi a souligné que l’approche actuelle d’adopter un nouveau modèle de développement va instaurer les bases de la transition économique, tout en commençant par les réformes et l’adoption des objectifs clairs pour une Tunisie moderne et une économie solide et compétitive.
« Je suis confiant en l’avenir de la Tunisie, malgré cette période qui s’affiche difficile sur le plan des résultats économiques », conclut-il.