Quelle indépendance de la Banque centrale? Tel est le débat tenu aujourd’hui lors de la séance plénière à l’ARP. Qui dit Banque centrale dit une institution chargée de la politique monétaire.
Présent lors de la plénière, Slim Chaker, ministre des Finances, déclare que la loi existe depuis 1958, et qu’il était temps de la revoir, en soulignant: “ Il est tout à fait normal qu’on change une loi qui remonte à l’indépendance. Pourquoi a-t-on adopté une nouvelle Constitution, autant garder l’ancienne alors ? Le monde a changé, et nous aussi nous devons nous adapter”.
Il poursuit: “La Tunisie a besoin de nouvelles réformes qui concordent avec le 21 ème siècle, et surtout d’un nouveau système de développement et de croissance pour faire face au chômage. Il faut se rappeler que nous avons 620.000 chômeurs. Abordant la question de la pression des institutions étrangères à propos du projet de loi sur la Banque centrale, il a répondu: “ Pour que les choses soient claires, nous n’avons reçu aucune pression de la part d’aucune institution étrangère que ce soit concernant ce projet de loi. Nous l’avons concu avec les compétences tunisiennes, mais nous avons demandé des conseils à d’autres parties pour pouvoir nous inspirer des autres modèles qui ont cours et qui fonctionnent.”
Jilani Hammami, député du Front populaire à l’ARP, souligne : “ Sachant que ce texte est très complexe et va engendrer des réformes dans le système monétaire, en tant que Front populaire, nous estimons qu’il ne faut pas traiter ce projet de loi dans la précipitation car suite à ce projet de loi, il y aura un changement radical du statut de la Banque centrale, mais aussi un changement du statut du personnel de la Banque centrale, chose qui est contestée. Les dangers sont là, nous ne faisons que copier des modèles européens ou encore américains, mais il faut prendre en considération la situation économique tunisienne. Aujourd’hui nous sommes face à une situation très critique, c’est pourquoi le débat est à ce stade fondamental”.
Pour Olfa Soukri, députée indépendante à l’ARP : “Il faut envisager une loi organique pour la Banque centrale, et non un statut. Un autre élément c’est l’indépendance, c’est un grand débat. Pour le moment, la BCT jouit d’une autonomie de fonction et non pas d’une véritable indépendance politique quand il s’agit de tracer une politique économique pour le pays. Il faut également que la BCT soit indépendante par rapport aux partis politiques au pouvoir. Aujourd’hui, nous sommes en train d’élaborer une note d’orientation, notamment des objectifs pour la création d’emploi et la croissance, c’est quelques chose de positif. »
Elle poursuit: “ La Banque centrale est habilitée à prendre des mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs. En termes de gouvernance, la BCT sera soumise à un conseil d’administration pour assurer la neutralité. Maintenant on remarque un ajout positif tel que l’inclusion financière ».
Elle conclut: “ Mais le plus important dans tout ceci, c’est la parité pour le poste de gouverneur et celui de vice-gouverneur. Selon les dernières données, elles sont plus de 70% de femmes à ne pas avoir accès à des postes de décision. Ce que nous souhaitons est que cette exception soit légiférée par la Constitution comme stipulé dans le texte, et donner une égalité des chances selon les compétences. Nous avons en effet des compétences féminines qui pourraient occuper le poste de gouverneur de la Banque centrale”.