Les réserves de change s’élèvent à l’équivalent de 14.1 MDs TND fin de l’année 2015 (129 jours d’importation), soit le plus haut niveau sur les quatre années passées.
En comparaison de la fin de l’année 2014, elles sont en hausse de 1 MD TND (soit +8%). Une analyse de cette variation montre d’une part un déficit commercial de 11.1 MDs TND, un niveau qui reste élevé mais maîtrisé par rapport à l’année 2014 et d’autre part, un déficit de la rubrique « revenus du capital » (3 MDs TND).
Le déficit de ces deux rubriques est couvert à hauteur de 8 MDs TND par:
- Les recettes touristiques: enregistrant 2.4 MDs TND de revenus en 2015, elles sont en forte baisse par rapport à 2014 (3.6 MDs TND), soit un recul de 33% suite aux événements sécuritaires vécus par la Tunisie courant 2015.
- Les revenus du travail: les ressortissants tunisiens à l’étranger ont rapporté 3.7 MDs TND en 2015 vs 4 MDs en 2014.
- Les investissements directs étrangers (IDE): ils ont enregistré une hausse de 16% pour s’établir à 1.8 MDs TND. Le reste du déficit (8 MDs TND) est couvert par les emprunts étrangers qui permettent aux réserves de change de rester au-dessus de la ligne rouge de 90 jours d’importations. On note aussi qu’une grande partie de ces emprunts a été débloquée le dernier mois de l’année 2015 (2.2 MDs TND), entraînant la forte hausse des réserves, comme le montre le deuxième graphique qui explique la variation des avoirs nets en devises entre novembre 2015 et décembre 2015.
Le premier mois de l’année 2016 montre une reprise de la pression sur les réserves de change qui ont légèrement baissé pour se situer à 13.9 MDs à cause des revenus du capital et du déficit de la balance commerciale qui n’a pas pu être couvert totalement par les autres rubriques (tourisme, revenus du travail et les IDE).
La reprise de la pression se confirme à la fin de ce premier trimestre: les réserves de change sont de 12.3 MDs TND à fin mars 2016, soit une baisse de 13%. Ceci a entraîné des pressions sur le marché des changes local où le déséquilibre entre l’offre et la demande de devises n’a pas été entièrement comblé par les interventions de la Banque Centrale. Ainsi, l’euro touche ses plus hauts niveaux depuis le début de l’année 2015 (quoique la hausse soit en partie expliquée par la hausse de l’EUR à l’international. Cf. plus loin).
Il se traite aux alentours de 2.2950 et le dollar américain se négocie à 2.0200 sur le marché interbancaire. Le dinar tunisien s’est déprécié de 2.5% contre la monnaie unique depuis janvier et s’est apprécié de 1.6% contre le billet vert pour la même période. Pour rappel, en 2015 les glissements du dinar contre l’euro et le dollar sont de –2.8% et 8.4%, respectivement.
On note enfin l’impact sur le marché local de la grande volatilité de l’EURUSD. En effet, le dollar a perdu du terrain contre l’euro suite à une première déclaration de la FED (une seule hausse du taux directeur américain pour l’année 2016 contre trois prévues début 2016). En conséquence, l’EUR a grimpé de 200 pips en une journée face à l’USD. Une deuxième déclaration où la FED indique qu’elle n’envisage pas de hausse en 2016 a entraîné une nouvelle hausse de 100 pips. L’euro se traite actuellement à 1.1380 vs dollar contre 1.0870 début mars.