Reviendra, reviendra pas à sa place initiale? Jamais une statue équestre n’aura autant fait jaser et autant fait couler d’encre et de salive.
Jamais aussi, elle n’aura fait l’objet de commentaires aussi désobligeants à l’endroit de feu le président Bourguiba qui de sa tombe, continue à déchainer autour de sa personne et de son œuvre, les passions les plus contradictoires qui laissent peu de place à la réflexion : soit on aime, soit on déteste, et rarement un juste milieu pour évaluer l’accomplissement de l’homme à sa vraie et juste valeur.
Parler du père de l’indépendance, c’est tomber dans les excès, et la polémique suscitée par la décision du président de la République de ramener la statue équestre du leader disparu à sa place à l’avenue qui porte son nom, participe de cette bouguimania qui, depuis la révolution, n’arrête pas de faire des vagues. Déboulonnée la nuit, en catimini, au lendemain de l’accession au pouvoir de l’ancien président Ben Ali, et transférée au port de La Goulette, la fameuse statue immortalisant le retour triomphal au pays du «Combattant suprême» le premier juin 1955, après plusieurs mois d’exil, continue d’entretenir le doute sur sa prochaine destination, et ce en dépit de la volonté affichée par le président Essebsi de tenir parole et de la ramener à la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
On peut tout de même se poser la question : Bourguiba vaut-il à ce point moins que d’autres illustres disparus dans le monde, pour que l’on tergiverse encore sur sa stature et sa statue, alors qu’il a marqué à jamais l’histoire de ce pays?
Pour rester avec Bourguiba, un dernier mot sur cet invraisemblable éditorial du grand Béchir Ben Yahmed dans Jeune Afrique, où il nous révèle des faits historiques fracassants sur le leader nationaliste Salah Ben Youssef, sur sa véritable personnalité et sur son dessein pour le pays et ce, preuve à l’appui. Autant dire une bombe au visage de ceux parmi ses supporters, qui avaient tendance à magnifier leur chef tout en vouant aux gémonies son principal adversaire, le président Bourguiba.
Un Ben Youssef aux ordres du président égyptien Nasser et qui se prenait pour un chef de guerre. Un Ben Youssef comme on ne l’a jamais connu. BBY nous promet d’autres révélations. Mais pourquoi a-t-il attendu tout ce temps?