Mourad Mathari, directeur de la 11ème édition de Jazz à Carthage, a indiqué que le festival a démarré par des moments forts et ce malgré les difficultés rencontrées. « Le public était au rendez-vous et il nous a soutenu comme il se doit », s’est-il félicité.
Revenant sur les difficultés, il a pointé du doigt celles administratives « que nous pose notre concurrent numéro un qui est le ministère de la Culture. Il est à la fois juge et partie car lui-même organise des événements. Il a établi des lois contraignantes pour réduire et mettre en difficulté toute initiative privée », accuse-t-il. Et de continuer : « Nous sommes dans un pays où le ministère de la Culture est organisateur à la place des professionnels. »
« En toute sincérité, je n’en veux pas beaucoup à la ministre de la Culture, car quand elle a pris ses fonctions tout avait déjà été décidé : les JMC programmées à la même date que le Jazz à Carthage. Cependant, elle aurait pu nous aider en simplifiant les procédures administratives », regrette-t-il.
Dans la même perspective, il a dévoilé l’existence d’une campagne de soutien de la part des ambassades et des artistes qui sont au courant des difficultés rencontrées par le festival.
Le directeur a rappelé que le dossier du festival doit passer par une commission consultative pour autoriser les artistes étrangers à se produire en Tunisie. « Cette commission a été formée à l’époque de Ben Ali pour des objectifs bien déterminés et elle a été détournée en faveur du ministère de la Culture et en défaveur des organisateurs privés », regrette-t-il. Et d’estimer que pour chaque artiste qui vient en Tunisie, il doit se soumettre à des formalités sans fin et si à l’étranger la réciprocité était appliquée, nos artistes auraient beaucoup de mal à se produire dans d’autres pays. « On ne peut pas se permettre de maintenir ces règles archaïques à la soviétique », s’insurge-t-il.
Sur un autre volet, notre interlocuteur a exprimé son étonnement « de l’augmentation de 50% des taxes alors que la loi ne le mentionne pas ».
« On nous applique des lois prohibitives, compliquées, c’est une aberration. Si on saisissait la justice, on gagnerait certainement », avance-t-il.
Cependant, les premiers jours du festival ont été une réussite. Notre interlocuteur affirme que le public, les médias, la qualité des spectacles ont été au rendez-vous. « La fête a eu lieu et plusieurs concerts se sont déroulés à guichets fermés. »
Par ailleurs, la réussite des trois premiers jours du festival a incité les amateurs de Jazz à acheter des tickets pour les autres spectacles, d’après l’estimation de Mourad Mathari. « Nous allons atteindre des chiffres jamais vu auparavant », dit-il.
Interpellé sur le changement du lieu où se déroule le festival – dans la salle de l’hôtel Carthage Thalasso Resort à Gammarth -, Mourad Mathari déclare : « L’année dernière, lors de la précédente édition tenue au Palais des congrès à l’avenue Mohamed V, nous avons fait moins 20% d’entrée que l’année précédente. Autrement dit, le public s’est constitué autour de Gammarth. C’est un public qui préfère venir à Gammarth », remarque-t-il.
Interpellé sur les nouveautés de la 11 ème édition par rapport aux éditions précédentes, le directeur du festival a indiqué l’existence d’une session jeune au festival, pour passer le message que le festival cible en priorité les jeunes tunisiens.