Le cabinet d’intelligence économique Oxford Business Group (OBG) a présenté hier à Tunis son rapport économique sur la Tunisie « The Report : Tunisia 2016 ». OBG est revenu sur des éléments clés de mise en avant lors des rencontres aves les dirigeants économiques et politiques tunisiens. Objectif : identifier les opportunités et les éléments qui vont pouvoir soutenir la croissance.
A cette occasion, un débat a été organisé sur le thème « Le potentiel du développement économique de la Tunisie » et animé par Karine Loehman, directeur général Afrique d’OBG qui n’a pas manqué d’affirmer que la route va être longue avant que la Tunisie n’atteigne son potentiel et elle va devoir régler ses faiblesses fiscales et améliorer la sécurité de ses frontières. « Il faut redonner de la confiance aux investisseurs, s’attaquer à l’informel, accélérer les réformes nécessaires et aller vers un tourisme de valeur », dit-elle.
Optimiste pour la relance de l’économie tunisienne à partir de 2016, Mme Karine Loehman n’a pas exclu le risque que représente le contexte géopolitique, notamment la crise libyenne sur l’économie tunisienne.
Interrogée par leconomistemaghrebin.com sur les perspectives de l’économie tunisienne pour 2016 et 2017, Mme Karine Loehman a fait savoir que « en Tunisie, la croissance est de retour et était positive en 2015. Il est vrai qu’elle n’a pas un grand impact sur le chômage, mais il y a des success stories. On croit fortement en le potentiel de développement du secteur agricole. Notre optimisme pour 2016 est réel et modéré parce que la Tunisie a pratiquement achevé sa transition. 2016 est l’année de la relance ».
Comment répondre aux attentes des investisseurs ?
En réponse à cette question, Khelil Laabidi, directeur général de la FIPA, a affirmé que l’objectif du nouveau Code de l’investissement est le développement régional et l’accompagnement des investisseurs pour s’installer dans les régions. « Les incitations aux investisseurs seront examinées dans le cadre du Code général des impôts », a-t-il précisé.
Toutefois, Ghazi Meziou du cabinet d’avocats MK&K a indiqué que la limitation des participations des investisseurs étrangers dans les investissements agricoles est un frein aux IDE. « Ce point sera un chantier législatif », dit-il.
Le directeur général de la FIPA estime que le pays a besoin d’ouvrir les grands projets d’infrastructure, réformer les outils de gestion publique et notamment la résolution des problèmes relatifs aux lois et réglementations.
Les priorités
Interrogé sur les urgences à traiter pour relancer l’économie tunisienne, Noureddine Hajji de Ernst &Young a fait savoir que la sécurité et la lutte contre le terrorisme, la lutte contre l’informel et la contrebande, la lutte contre la corruption, l’amélioration du climat social et l’amélioration du rendement de l’administration tunisienne sont les priorités pour sauver le pays.
Et d’ajouter que l’accélération des projets en cours, la réforme des institutions de promotion des investissements et la réforme du droit du travail peuvent également beaucoup aider l’économie tunisienne à dépasser sa crise.
Secteurs prioritaires
Pour Walid Belhadj de Comete Ingineering, la capacité de la mis en oeuvre des projets d’infrastructure est insuffisante. M. Belhadj estime qu’il faut un investissement public dans l’infrastructure. « Le marché de la construction est tiré par le bâtiment. Le code des marchés publics n’est pas favorable aux entreprises étrangères. C’est un texte élaboré par des contrôleurs. Les entreprises ont besoin d’un marché local qui tarde à venir», dit-il.
Et d’ajouter qu’en 2017, les services de la dette seront lourds et qu’on a besoin de lancer des grands projets d’infrastructure. Pour lui, la situation en Tunisie dépendra largement de la situation en Libye.
S’agissant des exportations tunisiennes, un des moteurs de la croissance de l’économie tunisienne, Habib Hammami du Centre de promotion des exportations (CEPEX) a insisté sur le rôle de l’exportation de l’huile d’olive tunisienne qui présente encore un grand potentiel à l’export. Le représentant du Cepex a indiqué qu’il faut développer davantage l’exportation d’huile d’olive conditionnée qui ne représente aujourd’hui qu’environ 10% du total des exportations tunisiennes de cette richesse nationale. « Le conditionnement d’huile d’olive est un investissement lourd. Il faut passer à 15% d’huile d’olive conditionnée exportée », a-t-il recommandé.
« Vers une transition économique réussie », telle est la principale conclusion d’un travail de huit mois sur terrain et formulé par le rapport économique annuel d’OBG sur la Tunisie, une source de référence pour l’intelligence économique locale et régionale.
L’optimise modéré affiché par ce cabinet international d’intelligence économique est important pour le moral des entrepreneurs locaux et étrangers.