A l’issue de la décision de la Haute instance de la commande publique de lancer un appel d’offres, le groupement Arjil Groupe Altium/Comete Engineering/Jeune Afrique Events a été retenu dans l’appel d’offres international restreint relatif à la promotion du Plan de développement 2016-2020 et l’assistance dans l’organisation d’une conférence internationale.
Quatre soumissionnaires, à savoir Arjil Groupe, Edmond de Rothschild/Groupe ESL&Network/Stratego/IM Bank, Lazard Frères/Banque d’Affaires de Tunisie (BAT)/Richard Attias, et Rothschild &Cie/Havas Worldwide/One2five Advisory/Columbus Consulting ont présenté leurs offres techniques et financières.
A l’ouverture des plis, il y a avait une espèce de petite bévue dans la mesure où les plis financiers ont été ouverts avant les plis techniques. Il s’est avéré que le moins disant, très largement moins disant, était la banque Edmond de Rothschild avec des partenaires (Groupe ESL&Network/Stratego/IM Bank ) qui a présenté une offre de 870 000 dinars, plus 650 000 euros.
Arjil Group qui a été sélectionné a constitué un consortium avecAltium/Comete Engineering/Jeune Afrique. Il a soumissionné 1680 000 dinars pour la partie monnaie locale et 1 400 000 euros. Il est arrivé deuxième sur le plan financier, avec quasiment le double de l’offre de Edmond de Rothschild/Groupe. La banque Lazard Frères est arrivée 3ème et Rothschild &Cie s’est classée 4ème.
Pour respecter la procédure, il fallait d’abord ouvrir les plis techniques, s’assurer que les propositions techniques sont conformes aux pré-requis, à ce qui est demandé, s’assurer que le candidat qui serait retenu pourrait assurer techniquement la tâche et puis, par la suite ouvrir, les plis financiers et faire une notation avec une pondération de 60% pour les offres techniques et 40% pour les offres financières. C’est une notation synthétique, technique et économique.
Normalement, quel que soit le niveau de la notation technique d’Edmond de Rothschild, il est impossible de compenser le différentiel du double en terme financier entre le 1er et le 2e parce que l’écart dans la pondération technique et financière est à 10% ! Mais le problème est que la Banque Arjil n’est pas très connue dans ce genre d’opération. Elle n’a pas jamais encore conduit une grande opération internationale de ce genre.
Pourquoi faire une consultation?
Le gouvernement est libre de choisir qui il veut, mais dans ce cas-là pourquoi faire un appel d’offres? Les notations techniques n’ont pas été publiées parce qu’il fallait justifier le choix du soumissionnaire gagnant qui a fait une offre proche du double de l’offre du moins-disant. Le premier a donc été éliminé techniquement.
Les responsables d’Edmond de Rotschild ont récemment publié un communiqué pour manifester leur mécontentement du déroulement de l’ouverture des plis. Ils s’attendent à des explications qui puissent les convaincre quant à une opération de cette envergure.
Où est le FIPA?
Pas besoin d’expertise étrangère pour ce genre d’opération. Le gouvernement tunisien a clairement montré qu’il ne fait pas confiance aux opérateurs locaux. Ce sont des signes décourageants pour les investisseurs locaux et étrangers. On aurait pu faire appel à des structures en Tunisie pour faire tout ce travail ( étude et validation des projets structurants ), assurer toute l’opération et faire tout le montage financier à l’échelle internationale pour amener des investisseurs étrangers et pouvoir les attirer vers le site Tunisie.
Le contribuable tunisien est la première victime de ce genre de pratiques. Ce qui s’est passé dans cette opération est exactement l’équivalent de l’audit des banques publiques, qui a coûté aux contribuables tunisiens 11 millions de dinars pour ne déboucher sur rien. Un audit fait sur mesure pour justifier un certain nombre de décisions prises à l’avance et en contradiction avec ce qui devait être fait.
Sans utilité aucune, cette opération de promotion du Plan 2016-2020 ne va certes rien donner.