Il aura fallu attendre un an et de longues discussions et des débats pour parler d’un projet de loi relatif à la réconciliation nationale. Un sujet d’actualité qui défraie la chronique politique.
Il n’est pas possible de parler de réconciliation tant que les personnes proches de près ou de loin de l’ancien régime ou ceux qui ont commis des crimes dans le passé n’ont pas reconnu leurs crimes.
En marge d’une conférence-débat organisée aujourd’hui par l’Association des parlementaire tunisiens, Faouzi Elloumi, dirigeant à Nidaa Tounes, a souligné que ce projet de loi relatif à la réconciliation nationale est absolument nécessaire pour tourner la page du passé et pour que la transition démocratique soit complète et ne soit pas entachée de problèmes en suspens.
Il explique: « D’ailleurs, la justice transitionnelle suit aussi son cours, sur le plan politique. Vous savez ce projet de loi va permettre de régler un problème social, le problème des personnes qui ont travaillé réellement pour le pays, de vrais patriotes qui ont construit cette Tunisie. Il serait injuste de les poursuivre. C’est l’objet de ce projet de loi ».
Interrogé sur la position de l’opposition, il a répondu: « Nous sommes dans un régime démocratique aujourd’hui où la liberté d’expression est reconnue et nous acceptons toutes les critiques. Ce n’est pas parce qu’ils ont un avis contraire qu’ils ont raison. Notre but n’est pas du tout d’amnistier les gens de la mafia ou les corrompus, mais de réconcilier les Tunisiens avec eux-mêmes et avec leur passé ».
Or la question que l’on se pose : pourquoi maintenant? Sur cette interrogation, la conseillère auprès de la Présidence, Saïda Garrache, a fait savoir qu’un an après la proposition du Président de la République, il est temps de sortir de ce blocage. Elle ajoute : « Au jour d’aujourd’hui, on a besoin d’un climat de confiance. Il faut le dire qu’il n’a jamais été question d’amnistier les hommes d’affaires. Or dans toute justice transitionnelle, il y a la réconciliation ».
Moez Joudi, président de l’Association de la bonne gouvernance, soutient l’idée du projet de loi, en précisant: « Je crois que l’idée est bonne, parce qu’on ne peut pas avoir une idée plus noble que celle de la réconciliation ».
Il continue : « La Tunisie a besoin de cette réconciliation aujourd’hui plus que jamais. Ce dont on a besoin c’est d’un plan de sauvetage en respectant bien entendu les étapes de la justice transitionnelle. Ce qui veut dire : sanctionner pour pouvoir se réconcilier. Par ailleurs, je crois que l’investissement a besoin de confiance et d’une administration qui travaille dans une ambiance positive. Ce projet de loi ne va pas permettre aux hommes d’affaires de bénéficier de cette réconciliation automatiquement, ils devront payer des amendes et des dommages et intérêts ».
Ce qu’en pensent les dirigeants d’Ennahdha et Afek Tounes
Rafik Abdessalem, dirigeant du mouvement Ennahdha, déclare pour sa part, qu’il est temps de tourner la page et de penser à la réconciliation.
Il indique: « Nous avons vécu beaucoup de tiraillements dans le passé, il est temps maintenant de céder la place à la réconciliation. Il est vrai que nous avions des problèmes auparavant, on ne le nie pas, mais la Tunisie a besoin d’unir tout le monde. Le problème qui existe en Tunisie, n’est ni un problème de religion ni encore moins entre les modernistes et les islamistes, nous avons des grands défis à relever : c’est la lutte contre le terrorisme ».
Karim Helali, député d’Afek Tounes, souligne, de son côté: « On en parle depuis plus d’un an. Or ceci n’est plus un choix, c’est devenu une nécessité. Cependant, on a besoin d’impulser l’économie et on besoin d’une réconciliation nationale où tous les Tunisiens se retrouvent. Il faut qu’on arrive à un vrai consensus, en incluant l’opposition ».