Présent lors du panel « Dialogue entre entrepreneurs des deux rives », dans le cadre de la 18e édition du Forum de l’Economiste Maghrébin sous le thème : « Transition numérique pour la Tunisie et le Maghreb : comment se positionner dans la Nouvelle économie ? », Amine Chouaieb, PDG de Chifco, est revenu dans une déclaration sur les spécificités de son entreprise, les difficultés dans le domaine du numérique et a adressé un message aux jeunes.
Présentant son entreprise, Amine Chouaieb a indiqué que Chifco est une entreprise tunisienne spécialisée dans l’internet des objets soit la connexion des objets via internet. Il s’agit de connecter les objets qui sont autour de l’internaute via internet à l’instar du climatiseur, de la voiture et autres : « Nous essayons de créer des services à partir de ces objets sur quatre axes : 1/énergie 2/ sécurité 3/ santé 4/ confort », explique-t-il.
Afin d’illustrer le concept, Amine Chouaieb a indiqué que sur le volet sécurité les caméras IP sont capables d’enregistrer sur le Cloud le contenu et que même dans le cas où les caméras sont détruites tout est enregistré, « ce qui constitue une première en Tunisie » affirme-t-il. Concernant les voitures, le chef d’entreprise a indiqué que via des analyses faites par le biais de cette méthode, il est possible de savoir que le conducteur risque de subir des accidents de la route ou non.
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Notons que la cible de l’entreprise sont les opérateurs téléphoniques dans les pays où le PIB par habitant est plus élevé qu’en Tunisie. Pour 2016, l’entreprise travaille sur 7 pays : les îles Maldives, le Maroc, l’Afrique du Sud et pour Chypre et l’ Algérie, les projets sont en cours.
Cependant, notre interlocuteur reconnaît l’existence de plusieurs entraves face à la transition numérique comme l’accès au talent étant donné que le pays est en train de perdre ses compétences qui rejoignent d’autres pays : « Puisque le climat général n’est pas propice à l’innovation », regrette-t-il.
De même, un autre problème est soulevé sur le plan des ressources humaines, à savoir l’incapacité de recruter des compétences étrangères.
Au niveau législatif, le PDG de Chifco a indiqué que la Tunisie fait partie des pays où tout est fermé jusqu’à l’obtention d’une licence : « Alors que la règle devrait être le contraire pour un certain nombre de projets », avance-t-il.
De même, l’accès au capital présente une sorte d’entrave : « Aujourd’hui, en Tunisie nous ne valorisons pas les entreprises et nous ne leur donnons pas l’accès à un capital important, surtout qu’une startup, n’utilise pas le financement bancaire car la dette n’est pas l’outil adéquat dans ce cas », indique-t-il. Dans le même contexte, il a recommandé d’élever le capital investissement à des montants conséquents.
« Aujourd’hui, la Tunisie doit réfléchir en tant que bloc étant donné que sa taille ne lui permet pas de s’imposer comme un acteur majeur mais avec un bloc elle pourrait le devenir », estime-t-il.
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Interpellé pour donner son avis sur la situation du secteur des Tic en Tunisie, le PDG de l’entreprise a estimé que pour un secteur qui n’a pas été bien accompagné et qui participe à 7% au PIB c’est quelques chose de positif. « Nous avons des acquis que nous devons développer en entamant la transformation par de petites étapes et non pas avec de grandes transformations qui prennent beaucoup de temps et qui n’impactent pas vraiment la vie des citoyens », dit-il.
Notre interlocuteur demeure catégorique. Pour lui « il faut mettre le numérique au centre des intérêts de la nation dans le sens où tout le monde doit emprunter le chemin du numérique étant donné que nous n’avons pas le choix et parce que c’est le seul moyen de valoriser les compétences professionnelles dont nous disposons ». Ainsi, il s’est prononcé pour une prise de conscience collective sur le numérique.
Mais comment susciter cette prise de conscience générale de l’importance du numérique ? Notre invité estime que cela est possible à travers trois axes :
1) Familiariser assez tôt les enfants aux nouvelles technologies,
2) Véhiculer des messages positifs au sein des familles et cessez de juger la réussite et l’échec,
3) Avoir une implication et une attitude positive.
Adressant un message à la jeunesse, Amine Chouaib leur lance : « Levez-vous et œuvrez pour votre avenir ».