A l’occasion du 18ème Forum International de l’Economiste Maghrébin, le représentant de la Fondation Friedrich Naumann, Ralf Erbel en Tunisie et en Libye, évoque les enjeux de l’ère numérique. Il estime que la révolution numérique a besoin de trois ingrédients pour réussir.
leconomistemaghrebin.com : Comment tirer parti de la révolution numérique aujourd’hui ?
Ralf Erbel : La révolution numérique a besoin de trois ingrédients pour réussir. Dans un premier temps, il faut qu’il y ait une vision claire dans le système éducatif tunisien, qui a perdu de son aura de l’époque de Bourguiba. Cependant, ce dont le pays a besoin aujourd’hui, ce sont de grands investissements tels que dans l’infrastructure et la technologie. De même, il faut que cette transition numérique soit accessible à tous les Tunisiens du nord au sud du pays. Il est essentiel que l’Etat tunisien se mette à l’ère du numérique dans la mesure où il doit saisir l’opportunité qu’elle offre. J’ajouterais qu’il faudrait penser à de nouvelles réformes dans l’administration. Et là on parle d’une administration numérique. Comme il est question de la mise en place d’un système juridique qui protège les données personnelles des citoyens de l’ère digitale. Mais la grande question d’aujourd’hui c’est comment traiter les données personnelles, sur le plan juridique, c’est là où réside le grand problème, qu’il faudrait étudier davantage.
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L’histoire numérique est faite de grands changements, quelle est votre vision de cette nouvelle ère du digital, dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Tout à l’heure, on a entendu Noomane Fehri, ministre des Télécommunications et de l’Economie numérique évoquer une administration zéro-papier d’ici 2020 ?
Je pense que le gouvernement tunisien a une vision très claire, orientée vers l’avenir. Mais on a entendu aujourd’hui que le budget disponible pour cette transition numérique ne suffit pas. Or on ne peut avoir une transition numérique avec un budget qui n’est pas adapté. Cependant, il ne suffit pas d’annoncer une vision, il faut qu’il y ait en parallèle des réformes. D’autant que le monde ne va pas s’arrêter du jour au lendemain, alors que nous vivons de grands changements. Je pense que l’avenir ne sera pas pour les grandes puissances du monde, mais pour celui qui va plus vite, et j’espère que la Tunisie sera parmi ceux qui iront plus vite.
Que retenez-vous des débats qui ont eu lieu? Un mot qui vous a interpellé ?
Quand M. Fehri a évoqué le mot “tsunami numérique”. Il n’a même pas utilisé le mot révolution numérique. Or quand on entend le mot tsunami, c’est quelque choses qui fait peur en réalité. Mais je pense qu’il faut saisir ces grandes opportunités de la révolution numérique, et être optimiste. Je pense que la Tunisie a réussi après l’indépendance, à mettre en place une société avant-gardiste, un système éducatif performant, qui est en avance par rapport à son temps. Et je suis convaincu que la Tunisie réussira sa transition numérique, mais la décision dépend de la volonté des Tunisiens de vouloir réussir. Tel est l’enjeu principal de la révolution numérique.
Il est à rappeler que la Fondation Friedrich Naumann est un partenaire historique de l’Economiste Maghrébin, depuis 1990, date de sa création.