« Une économie du pays à la dérive, une croissance qui tend vers zéro, une corruption galopante qui gangrène notre société, un gouvernement hors du coup, un chômage qui ne cesse d’augmenter, une pauvreté qui s’étend de plus en plus », c’est par ces propos que le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a ouvert sa conférence de presse tenue aujourd’hui à Tunis.
« Il faudrait un plan de sauvetage pour mettre fin à la crise que traverse le pays », a-t-il dit; en poursuivant : « Le pays est en crise. C’est la raison pour laquelle j’appelle les partis politiques et la société civile à s’unir afin de trouver des solutions urgentes, car il est désormais temps d’y faire face. Il faudrait qu’il y ait un contrepoids ». « On a appelé à créer une force pour essayer de former un grand courant pour faire contrepoids. D’ailleurs, nous entamerons les discussions avec El Joumhouri, Al Massar, le Courant démocratique et Harak Cha3ab dans le but d’instaurer une relance économique, politique et diplomatique. »
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Concernant les accusations du Chef du gouvernement qui a déclaré que le Front populaire et Hezb Ettahrir seraient derrière les heurts violents de Kerkennah, il a répondu: « C’est un honneur pour nous d’avoir soutenu les Kerkenniens dans leur lutte pour leur dignité et c’est leur droit le plus absolu de pouvoir manifester. On ne le nie pas et nous continuerons toujours de soutenir les revendications des citoyens. Mais les allégations du Chef du gouvernement à notre encontre sont totalement fausses. »
Il poursuit : « Pour moi, ce gouvernement ne fait qu’ accumuler les échecs en le niant, préférant la solution de facilité, à savoir accuser l’opposition. Or, tout le monde sait que le Front populaire ne tombe pas dans ce genre de piège. Toutefois, cette fois-ci, nous accusons le Chef du gouvernement Habib Essid d’avoir donné l’ordre de réprimer les manifestations des habitants de Kerkennah, mais aussi d’avoir pratiqué la torture, d’avoir violé la dignité humaine envers les femmes de la région. Par ailleurs, je dis à Habib Essid, à son gouvernement et à certains responsables sécuritaires, qu’ils devront rendre des comptes aux Tunisiens ». De plus, il a annoncé l’organisation d’une journée nationale de colère contre les intentions des pouvoirs publics de classer les dossiers de l’assassinat de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi.
A propos du projet de loi relatif à la réconciliation nationale, il a répondu: « Ce n’est pas un projet de réconciliation nationale, il n’est autre qu’un marchandage politique entre Nidaa Tounes et Ennahdha, pour amnistier les anciens du RCD et profiter de leur expérience, quant à la répression du peuple tunisien ».
Il ajoute : « En revanche, le Front populaire est pour une réconciliation nationale, mais qui doit s’inscrire dans le cadre de la Constitution, de la justice transitionnelle, et de la transparence totale. »
Selon lui, il ne faudrait pas que cette réconciliation soit utilisée comme paravent pour que la corruption s’enracine davantage, ou encore pour que les bourreaux de la torture refassent surface.
Il conclut : « Cela dit, je le redis une fois de plus, les vieilles pratiques sont de retour puisque les anciens ont repris leurs habitudes. Que ce soit du temps de la Troïka, de Ben Ali, ou de Bourguiba, à chaque fois qu’il y a une mobilisation de contestation populaire, ils essaient par tous les moyens d’accuser les minorités. Ceux qui nous gouvernent actuellement ne sont guère des démocrates et ils ne comprennent pas non plus que la démocratie exige qu’il y ait une opposition, non seulement au sein du Parlement, mais aussi dans la rue. »