La campagne nationale pour la réhabilitation de la valeur travail, lancée par le ministère de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption pour contrôler les absences des fonctionnaires demeure insuffisante d’après Brahim Missaoui, le président de l’Association tunisienne de lutte contre la corruption.
Le ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption a lancé une campagne pour la réhabilitation de la valeur travail. Parmi les axes de cette campagne figure l’absentéisme des fonctionnaires.
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Revenant sur la gravité du phénomène, Kamel Ayadi a déclaré aujourd’hui que le phénomène de l’absentéisme engendre une perte pour l’Etat de 2,7 millions de jours et même les jours de congés justifiés coûtent à l’Etat 2% du budget. Par la même occasion, le ministre a indiqué que la campagne aura deux aspects: le premier est relatif à la sensibilisation et le deuxième aux sanctions. Ainsi, il semble que le ministre ait pris la décision de sortir les armes lourdes pour lutter contre la corruption.
Toutefois, Brahim Missaoui, président de l’Association tunisienne de lutte contre la corruption, a déclaré que son association a élaboré plusieurs rapports sur la fonction publique et sur la corruption. Il estime que cette mesure n’est pas suffisante et ne constitue pas une mesure draconienne pour lutter contre la corruption.
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, Brahim Missaoui a indiqué qu’il faut s’attaquer à ce phénomène en profondeur, tout en prenant en considération d’autres aspects de la problématique. « Ce qu’a avancé ce matin le ministre est un diagnostic que nous avons déjà fait et il faut avancer vers l’action », explique-t-il.
Pour lui, une campagne de sensibilisation temporaire n’est pas en mesure de changer la situation. Et de rappeler que les causes immédiates et lointaines du phénomène n’ont pas été traitées. La problématique dépend de plusieurs facteurs.
Des responsables et des dirigeants incapables d’affronter les anomalies
D’après notre intervenant, plusieurs responsables et dirigeants dans l’administration tunisienne sont incapables de faire régner la loi et d’imposer la discipline en Tunisie. « D’après l’INS, 70% de ses responsables ne disposent pas de diplômes supérieurs. Ainsi, plusieurs responsables dirigent d’autres responsables ayant un niveau universitaire respectable. « Avec quelle mentalité voulez-vous que ce fonctionnaire travaille s’il est dirigé par un responsable pareil ? », regrette-t-il.
Imposer un système électronique pour contrôler les absences
D’après notre invité, le ministère n’a pas essayé de mettre en place un système électronique pour contrôler les présences et les absences. « Pourtant ce système électronique existe partout dans le monde », indique-t-il. Ainsi, il a proposé la mise en place de ce système électronique où le fonctionnaire doit utiliser son empreinte pour accéder au ministère. Ce système doit être connecté au Centre national de l’informatique où le calcul des salaires se fait. Ainsi la tricherie n’est plus possible concernant les absences.
De l’inégalité en matière de l’application de la loi
Tout le monde n’est pas loger sur le même pied d’égalité quand il s’agit d’absence. D’après Brahim Missaoui, si un fonctionnaire s’absente, il sera interrogé et puni, mais s’il s’agit d’un directeur, personne ne lui demandera des comptes.
Améliorer le climat du travail dans les administrations : nécessité absolue
Beaucoup d’efforts restent à faire sur ce volet car plusieurs études affirment le désenchantement des Tunisiens quand ils empruntent le chemin du travail. Les sociologues et les psychologues doivent travailler sur ce phénomène, afin de comprendre les raisons pour lesquelles le Tunisien va à son travail comme s’il est en marche vers la potence, indique-t-il. « L’atmosphère de la fonction publique est très mauvaise et n’encourage pas la production et la productivité, surtout avec l’absence de motivation et les espaces de travail vétustes. »