Soucieux d’améliorer l’inclusion financière en Tunisie, le ministère des Finances lance une réflexion sur les actions à entreprendre pour que le secteur financier puisse contribuer à une meilleure inclusion économique et sociale de la population et à promouvoir le développement d’opportunités économiques créatrices de valeur et d’emplois.
Pour cela, le ministère enclenchera, en concertation avec les principales parties intervenantes, un processus stratégique de réflexion visant la préparation d’une stratégie d’inclusion financière responsable pour la période 2016/2020. Cette stratégie se justifie d’autant plus que les efforts entrepris ces dernières années ont été soutenus.
Selon les études récentes, Slim Chaker, ministre des Finances a déclaré, lors du colloque organisé ce matin, que l’inclusion financière demeure importante pour le développement économique et social et la création d’emplois, permettant aux TPE / PME de pouvoir accéder au financement et à l’Etat de faire plus et mieux.
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En chiffre, il a affirmé que le taux d’inclusion financière en Tunisie reste à ce jour relativement faible, soit 36%. Ainsi, moins de 4% de la population tunisienne utilisent les services financiers digitaux, et ce malgré un taux de pénétration très élevé sur le secteur de la téléphonie mobile, soit 118%. D’où un potentiel de croissance qui devra être exploité.
Idem, 64% de la population tunisienne âgée de 15 ans et plus n’a pas accès aux services financiers formels. D’ailleurs, 35% des demandes des particuliers et 50% des TPE / PME sont non ou mal servies en matière de services financiers.
Ce déficit prouve que l’inclusion financière manque de visibilité et que la communication est mal assurée. Pour cette raison, c’est le moment ou jamais, selon ses termes, de miser sur cette inclusion en tant que l’un des principaux moyens d’agir.
Dans ce sens, le ministère des Finances a opté, en collaboration avec toutes les parties prenantes, pour l’élaboration d’une vision concertée 2011/2015. Et malgré les efforts déployés pendant ces dernières années, beaucoup de chemin reste à faire.
En fait, Slim Chaker a souligné qu’il faut que les associations de microfinance se mettent à leur compte pour avoir plus de visibilité et d’impact dans la durée.
Il faut que le ministère joue, de son côté, son rôle de leadership de l’inclusion financière, communique, sensibilise et plaide cette inclusion pour qu’elle s’inscrive dans une politique globale du gouvernement, qui vise à moderniser l’intégralité du système financier.
Pour se faire, beaucoup d’actions ont été entreprises, à savoir l’adoption de la loi du statut de la BCT, la loi des banques et des établissements financiers et la loi de recapitalisation et modernisation des banques publiques. D’autres actions sont en cours de réalisation, permettant le développement du secteur financier, dont la loi sur les crédits de bureau, la loi sur la création de banque des régions, la loi sur le développement du logement social, la loi sur le secteur des assurances…
De par ces efforts, le ministère doit promouvoir la cause de l’inclusion financière et prendre le leadership, afin de produire, à fin 2016, le plan d’action de la nouvelle stratégie d’inclusion financière 2016/2020.
Bilan 2011/2015 et projections 2016/2020
Dans le même cadre, Katia Raguzzoni, consultante indépendante de la Coopération italienne, a dressé le bilan de la vision concertée 2011/2015 et les actions à entreprendre pour 2016/2020.
Elle a précisé que cette vision se focalise sur quatre grands axes prioritaires, à savoir la mise en place d’un cadre règlementaire et de supervision encourageant l’évolution du secteur, la contribution via la microfinance au développement des régions et segments prioritaires, la structuration du secteur pour inscrire son impact dans la durée, ainsi que la promotion et l’accompagnement d’une croissance responsable du secteur financier.
Cette vision a permis la création d’une autorité de contrôle de microfinance, la diversification des institutions de microfinance (Taysir, ASAD, Ada Micromed, Mercy Corps, Enda Microcrédit…), la mise en place d’une centrale de risques et la création d’un observatoire de l’inclusion financière.
Par conséquent, 329.701 crédits ont été accordés en 2015, avec une concentration de ces crédits dans le Nord – Est de la Tunisie, soit une enveloppe totale de 535,957 millions de dinars. Les demandes des particuliers ont représentées autour de 2,5 / 3,5 millions, dont 0,95 / 1,4 million de demandes de microcrédit. Pour les TPE/PME, les demandes ont été de l’ordre de 245 à 425 millions.
Malgré une certaine évolution, Mme Raguzzoni a estimé qu’il demeure nécessaire de passer de la microfinance à l’inclusion financière, et d’une vision concertée à une stratégie claire, en impliquant tous les acteurs publics et privés au niveau national.
Elle a préconisé, à cet effet, de mettre en place un cadre de coordination et de définition d’un système de gouvernance efficace, un cadre incitatif, une unité d’appui technique, une association professionnelle des institutions de microfinance et un système de communication avec et entre les institutions de microfinance (IMF).
Il est également nécessaire d’encourager la collaboration et la réflexion entre ces IMF, alimenter la base de données, promouvoir l’initiative d’éducation financière dans les régions défavorisées, simplifier les procédures, analyser la convention avec la BTS et d’introduire un mécanisme de gouvernance…
En conclusion, la responsable n’a pas manqué de déclarer qu’une meilleure connaissance de la demande et un effort pour desservir les régions et faire en sorte que la stratégie se traduise par un levier pour le développement social et économique au niveau local s’imposent.
Il faut surtout que le Ministère des Finance apprenne aux tunisiens dont le sport favori est l’évasion fiscale à payer leurs impôts de manière transparente et régulière…
Après on pourra parler de développement économique et social et surtout de sa planification.