« Emploi et Investissements néerlandais », tel était le thème du déjeuner-débat, organisé aujourd’hui, par la Chambre tuniso-néerlandaise pour le commerce et l’industrie (CTNCI), présidé par Zied Ladhari, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et Hans van Vloten Dissevelt, Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas à Tunis, en présence de Ad Melkert, ancien ministre néerlandais des Affaires sociales et de l’Emploi, Mark Liebster, président de la CTNCI, Mongi Goaied, Secrétaire général de la Chambre et Ines Hallab, Expert international en Stratégie, Management et RH.
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Présentant l’étude intitulée : «Etat des lieux de l’emploi en Tunisie et pistes», Mme Hallab a affirmé que la Tunisie, qui fait son chemin semé d’embûches vers la démocratie, et qui évolue vers la stabilité, a connu, ces dernières années, des tractations entre les parties en place, un climat sécuritaire en amélioration malgré les dangers terroristes mondiaux et l’instabilité régionale, ainsi qu’une volonté politique pour résoudre le problème du chômage qui s’est traduit par le lancement d’un dialogue national pour l’emploi. Mais parallèlement, elle manque d’un cadre stratégique à moyen terme.
Sur le plan économique, l’économie tunisienne est très dépendante de la conjoncture mondiale et en particulier européenne. La Tunisie est dotée de 3220 entreprises à participation étrangère assurant 333 mille postes d’emploi. Ses IDE sont principalement orientées vers les activités offshore.
En ce qui concerne les investissements néerlandais, près de 90 entreprises néerlandaises sont présentes, à ce jour, en Tunisie générant plus de 10 mille emplois. Le pays a également un potentiel pour une montée en gamme, avec des secteurs porteurs tels que les TIC, les services, les industries mécanique et textile, les énergies renouvelables, la santé, l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire.
De par son fort potentiel, l’enjeu majeur du pays est de dépasser les modèles classiques d’entreprises exportatrices, en adoptant une plus forte intégration de la chaîne de valeur, et de poursuivre les réformes déjà initiées pour le développement d’une économie inclusive et durable.
De ce fait, le plan de développement 2016/2020 est en cours de finalisation. Il est basé sur un chantier de réformes, un passage d’une économie à faible coût à un hub économique, un développement humain et une inclusion sociale, une concrétisation des ambitions des régions ainsi que sur une économie verte garante d’un développement soutenable. Et vu que l’année 2015 a été marquée par une croissance économique faible de 0,9%, avec un taux de chômage de 15,2% dont 28,6% des diplômés de l’enseignement supérieur, ce plan de développement prévoit sur les cinq prochaines années une croissance moyenne de 5% et un taux de chômage de 11%. Sur le plan social, Ines Hallab a estimé que le climat social en Tunisie se caractérise par une fragilité aggravée par les mouvements sociaux, les importantes inégalités régionales, une valeur de travail qui s’est effritée, une rigidité culturelle qui se traduit par la dominance des PME / PMI et un désespoir chez les jeunes chômeurs.
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Obstacles à l’emploi
Notre interlocutrice n’a pas manqué de citer que cet état des lieux de l’emploi s’explique essentiellement par plusieurs obstacles. Il s’agit de l’insuffisance de formation générale, de la faiblesse de la formation technique, de l’insuffisance des compétences générales et de l’information sur le marché du travail, du manque de capital financier, de l’insuffisance de la demande de travail, ainsi que de l’inadéquation entre les besoins des entreprises et l’enseignement supérieur.
Ces principaux obstacles ainsi que les bouleversements de l’environnement économique et social ont des répercussions sur l’emploi, d’où d’ici 2025, 25% des métiers d‘aujourd’hui vont disparaître et 50% des métiers seront automatisables.
Pistes à court et moyen termes
Sur le court terme, il a été préconisé de continuer à identifier des niches et des « quick win actions » afin de réaliser un développement économique et social, créer de l’emploi et redonner espoir aux jeunes et aux régions. Il faut, également suivre la mise en place de ces « quick win actions » pour monitorer la réalisation des objectifs escomptés, capitaliser ces actions concrètes et valoriser les réalisations dans le but de renforcer la confiance et recréer de l’espoir auprès des demandeurs et offreurs d’emploi.
Parmi les réalisations, Mme Hallab a mentionné celles des membres de la CTNCI, à savoir le Programme de création de bureaux de conseillers fiscaux agréés et de Vocalcom-éditeur de logiciels et fournisseur mondial de solutions multi-canal pour la gestion de la relation client.
D’autres réalisations figurent comme le Programme destiné aux entreprises opérant dans les TIC « Smart Tunisia » et le Centre d’orientation et de reconversion professionnelles (CORP).
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Sur le moyen terme, la responsable a recommandé de développer une nouvelle gouvernance basée sur le leadership et le travail collaboratif, une vision innovante pour l’emploi, une stratégie de l’emploi impliquant toutes les parties prenantes, une méthodologie de mise en œuvre et de suivi ainsi qu’un programme de communication et de sensibilisation.
Elle a de même recommandé d’accélérer la mise en œuvre du plan de développement et d’accélérer les réformes, dont celle de la formation professionnelle, pour un sursaut économique et social…
Dans le même sillage, Zied Laadhari a souligné que la Tunisie a une grande opportunité, aujourd’hui, de créer un modèle très attractif pour booster les investissements étrangers, créer de l’emploi et décoller économiquement, et ce, en bâtissant un Etat de droit et des conditions d’un climat des affaires sain gouverné par des normes et des règles de droit.
A cet égard, plusieurs réformes ont été lancées, dont certaines ont été finalisées, visant à résoudre les problématiques de la croissance et par conséquent de l’investissement et de l’emploi. Laadhari a affirmé que l’emploi qui n’est qu’un résultant parce qu’en parlant de l’emploi, on parle de l’ensemble des conditions qui génèrent les opportunités nécessaires pour offrir de meilleurs perspectives aux jeunes tunisiens.
Pour ce faire, le ministre a noté que le gouvernement ne cesse de travailler d’une part sur les conditions d’un rebondissement de l’économie réelle, offrant des opportunités aux entreprises nationales et étrangères de pouvoir s’importer, créer et développer des activités et créer de l’emploi.
D’autre part, il multiplie les efforts de travail sur la qualité des ressources humaines de manière à faire en sorte que la Tunisie retrouve la place de choix qu’elle a occupé pour longtemps.
Concrètement, son ministère a opté pour la réforme de la formation professionnelle de manière à être plus attractive avec de meilleures conditions de formation, de meilleurs équipements et une pédagogie meilleure, et ce, afin d’améliorer l’employabilité des jeunes et de répondre aux besoins de l’économie et du marché de l’emploi.
Ainsi, le ministère a lancé un programme d’accompagnement de 85 mille jeunes inscrits, visant à les doter des outils de réussite dans le monde professionnel et à offrir une main-d’œuvre attractive pour l’économie tunisienne.
En conclusion, Zied Laadhari a estimé qu’aujourd’hui, les défis sont énormes mais les opportunités sont également énormes et importantes. La Tunisie est en train de créer les conditions d’une émergence économique avec un Etat de droit de manière à pouvoir offrir un meilleur avenir à la jeunesse tunisienne.
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