Dans le cadre du colloque, organisé hier, sur le thème «Accès au marché et pérennité de l’entreprise», Ahmed El Karm, président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (ATPBEF), est revenu sur l’accompagnement bancaire des groupes tunisiens, notamment en termes de restructuration et de gestion prudentielle.
Pourquoi les entreprises ont-elles besoin à un moment ou un autre de se restructurer ?, s’est interrogé M. El Karm. En réponse, il a affirmé que les études empiriques présentent quatre raisons fondamentales pour la restructuration des entreprises.
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Il s’agit, en premier lieu, de la dette. Dans ce sens, il a estimé que vu que les entreprises et les groupes tunisiens sont poussés à se développer, se consolider, se renforcer et à investir, ils sont amenés à avoir recours à la facilité de la dette bancaire. Cependant, cette dette, qui atteint parfois des niveaux assez élevés, handicape la prospérité et la pérennité des groupes, ce qui leur impose la restructuration.
Il s’agit, en deuxième lieu, du chemin d’organisation des groupes qui atteint ses limites quand ces groupes pensent à se diversifier, se pérenniser, poser de nouvelles manières modernes d’organisation et de gestion. Ces limites nécessitent une restructuration organisationnelle et une mise en cause de l’organisation ancienne.
Parmi les raisons de restructuration figurent, également, la pression du marché et l’évolution des techniques de vente et de production, exigeant des groupes de transformer leur manière de gérer et de se restructurer sur le plan ressources humaines et choix d’investissement.
Ainsi, la question de succession au niveau des entreprises familiales demande une organisation, parce que ceux qui vont prendre les clés en main ne sont pas disposés à agir comme les fondateurs eux- mêmes, ce qui impose de préparer cette entreprise à la succession et à la restructurer pour qu’elle réussisse.
Objectifs recherchés de la restructuration
Ahmed El Karm a souligné que la restructuration des groupes a quatre objectifs fondamentaux. Il s’agit de la bonne gouvernance et des critères de bonne gestion ayant des impératifs à mettre en place, du reporting financier à développer et une transparence à assurer…Ces critères, exigés par la réglementation et appréciés par le marché, s’imposent à l’entreprise qui s’oriente vers la création d’une holding.
Toutefois, les groupes visant la restructuration cherchent à se mettre au goût du jour et à évoluer, et ce, à travers une opération de restructuration créatrice.
Idem, la restructuration a pour objectif l’internationalisation et la responsabilité sociale et environnementale. Ce qui impose une nouvelle manière de s’organiser et d’investir.
Quel rôle joué par les banques dans la restructuration?
Pour le président de l’ATPBEF, les banques ont réussi à tisser avec les entreprises des rapports de confiance leur garantissant l’indépendance capitalistique. Elles encouragent et suscitent les groupes à se restructurer à travers l’application de normes plus transparentes, de notations, de certifications, des structures et d’audit …
Les banques offrent, selon ses propos, des facilités de restructuration et intègrent une approche boursière en créant des filiales d’intermédiation en Bourse. De ce fait, les relations entre les banques et les intermédiations en Bourse pourraient s’organiser en conciliant certains impératifs et difficultés. Parmi ces difficultés s’affiche la divergence entre les attentes « long – termistes » de l’entreprise et celles « court- termistes » des investisseurs en Bourse. Cette divergence nécessite un changement d’approches des fonds d’investissement et de la Bourse.
Toutefois, la cotation en Bourse d’une entreprise n’est pas aisée parce que les grands groupes ont une technique d’organisation qui n’anticipe pas forcément la transparence et impose un travail d’assainissement de longue haleine. Egalement, la réglementation tunisienne est complexe pour se coter en Bourse et avoir recours à l’emprunt obligataire. Il faut, en fait, alléger très sensiblement tout le formalisme qui peut être nécessaire mais contraignant vu le comportement du marché financier et des opérateurs.
De par les conditions exigées, le marché financier coûte aujourd’hui plus cher que le crédit bancaire, posant ainsi un problème d’efficacité.
En conclusion, Ahmed El Karm a fait savoir que pour que le marché financier soit attrayant pour les groupes et pour des ressources stables visant à garantir la pérennité de ce marché, les banquiers et les intermédiaires en Bourse doivent collaborer ensemble.
Tiens ! parmi tant de priorités, commencez par le cas Carthage Cement, qui résume en lui-même tout ce qu’il ne faut pas faire en matière de gestion…